Pour partir à la recherche de lignes skiables isolées sur le territoire, il faut souvent planifier l’implantation d’un camp de base. Pour plusieurs, le camping d’hiver paraît comme une torture, mais il est possible de s’installer (assez) confortablement en ayant les bons équipements et les bonnes connaissances. Voici les bons conseils de deux guides de plein air, Stéphane Gagnon et Hippolyte Mogé, qui excellent en la matière.
« Apporte-toi de la bonne bouffe », est le premier conseil qui vient en tête de Stéphane Gagnon, propriétaire de Ski Chic-Chocs et guide de montagne depuis 30 ans. « Quand les conditions ne sont pas bonnes, les journées sont plus agréables quand tu as de la bonne nourriture ». Et pour minimiser le poids de la nourriture, il est recommandé de la déshydrater ou d’en acheter lyophilisée pour l’occasion. Et il faut éviter d’amener de la nourriture qui gèle. « Pour éviter les mauvaises surprises, amenez toujours de la bouffe pour une journée de plus que la durée de votre expédition, parce qu’on ne sait jamais quand une tempête forcera à rester sur place », dit-il. Calculez bien la quantité de carburant à amener avec vous et amenez-en un peu (aussi) plus, au cas où.
Pour avoir un campement efficace, il ne faut pas hésiter à investir un peu d’énergie dans une cuisine efficace, creusée à même la neige, estime Hippolyte Mogé. « En mettant une bâche par-dessus, ça fait un bel abri confortable pour cuisiner et manger », dit-il, tout en suggérant de creuser des banquettes et une table selon l’inspiration du moment.
Si vous partez en camping d’hiver avec votre tente, assurez-vous de tester votre matériel dans des conditions similaires à ce que vous allez vivre auparavant, recommande Stéphane Gagnon. « Il faut se pratiquer une couple de fois avant de partir en expédition », dit-il.
Hippolyte Mogé abonde dans le même sens. « Il faut se pratiquer et tester son matériel avant de s’enfoncer dans le bois plusieurs jours », dit-il.
Une autre option est de construire un quinzee, soit une grotte dans la neige, pour y passer la nuit. Il faut toutefois prévoir assez de temps pour le construire et attendre un certain temps pour que la neige gèle, afin d’éviter que ça s’effondre. « Ça fait un bon abri isolé, mais ça demande beaucoup d’énergie et tu finis par être humide en le construisant », note Stéphane Gagnon. Un igloo est aussi une option intéressante, mais il faut la neige ventée adéquate pour le construire. Et encore là, il faut tester ses techniques d’abord avant de compter là-dessus pour y passer la nuit.
L’humidité est le pire ennemi du skieur hors-piste, et c’est encore plus vrai quand vient le temps de se coucher dehors. « C’est une bonne idée de ralentir pour se laisser sécher en fin de journée », note Stéphane Gagnon. En camping d’hiver, il est aussi bon de savoir que vous êtes la seule source de chaleur (à moins de faire un feu). Si vous voulez faire sécher des gants, une paire de bas ou tout autre item, il faudra compter sur votre chaleur corporelle pour y arriver. Et pour réchauffer vos chaussons de ski avant de partir à l’aventure, mettez-les dans votre manteau pendant le petit déjeuner.
Au petit matin, l’humidité de votre corps aura givré sur les parois de votre tente et votre sac de couchage. Il faut gratter et enlever le frimas gelé autant que possible pour maintenir le confort et la capacité isolante. Un sac de couchage synthétique résiste mieux à l’humidité que le duvet.
Le froid est le plus grand danger au Québec. Il n’est pas rare que la température baisse sous les -30 °C, voire sous les -40 °C dans les contrées lointaines du territoire. Avoir les bons équipements n’est donc pas un luxe, mais une nécessité, quand on annonce de grands froids. Pour s’assurer de bien dormir dans de telles conditions, il faut avoir sous la main un sac de couchage avec une capacité isolante pour -20 °C, au minimum, selon Hippolyte Mogé.
S’il fait vraiment froid, mettez de l’eau bouillante dans une gourde que vous utiliserez comme bouillotte dans votre sac de couchage. Ça vous aidera à vous réchauffer pour vous endormir.
Pour minimiser le poids des équipements à trimballer, Stéphane Gagnon recommande d’utiliser au maximum tous les équipements. « Si tu peux garder tes vêtements au sec et dormir avec tout ce que tu as dans ton sac sur toi, ça te permet de traîner un sac de couchage plus petit. Tu es alors plus rapide et plus efficace en montagne ».
Des couches isolantes pour les jambes et le haut du corps, des mouflons et un deuxième matelas de sol, de style Evazote ou ou Z-lite, qui servira comme couche isolante du sol lors du temps passé à l’extérieur, pour manger, mais aussi comme deuxième matelas de sol pour être bien isolé du sol, recommande Hippolyte.
« Il ne faut pas attendre pour améliorer son confort », ajoute-t-il. Et si vous avez envie d’aller aux toilettes en pleine nuit, ALLEZ-Y, même s’il fait très froid. Certains utilisent une gourde dédiée à cet effet pour éviter de sortir à l’extérieur. Pour les dames, des urinoirs féminins, comme le Go-girl, peuvent aussi être fort utiles.
Pour éviter les déceptions, amenez avec vous une bonne trousse de premiers soins, qui permettra de prévenir ou de gérer les petits bobos classiques, comme les ampoules, tout en étant prêt pour des blessures plus graves. L’utilisation d’un traîneau multi-usage, qui permet de traîner le matériel et sortir une victime en cas d’accident, peut être un excellent choix. « Il faut privilégier un traîneau long pour éviter de charger trop en hauteur », souligne Stéphane Gagnon, avant d’ajouter qu’un système d’amortissement avec des cordes élastiques (de type bungee) améliore le confort.
Des pièces de rechange pour les fixations sont aussi de mise, ainsi que les outils pour les ajuster. « Si tout le monde a le même type de fixation, ça permet de traîner seulement un kit de rechange pour le groupe », remarque Stéphane Gagnon.
Et tant qu’à traîner une scie à neige pour faire les tests d’avalanches, choisissez-en une qui sera en mesure de couper aussi du bois. Finalement, il ne faut surtout pas oublier de traîner plusieurs briquets et des allume-feu, car ça pourrait vous sauver la vie, conclut Hippolyte Mogé.
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Cet article a été rendu possible grâce au support du ministère de l'Éducation du Québec et son programme de soutien aux initiatives en promotion de la sécurité 2019-2022
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