Une ride qui brasse dans tous les sens
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Une ride qui brasse dans tous les sens

Le 14 janvier 2024 s'annonce comme l'une des plus belles sorties de touring au Saguenay. Nouveau terrain en milieu éloigné, grosse pente, grosse inclinaison, et surtout, on annonce des conditions neigeuses exceptionnelles.

Laissez-moi vous dire que mes collègues, Dyl et Phlex, et moi étions particulièrement excités par les conditions annoncées et la découverte d'un nouveau secteur de touring. Surtout sachant que la dernière belle journée de ski remontait à début décembre... Je prévoyais cette sortie depuis plusieurs semaines, il ne manquait que les bonnes conditions et elles se sont enfin présentées.

Photo: Philippe Girard

Jour J :

4h du matin, 60 à 80 cm de poudreuse au sol, le camion complètement recouvert, pas de vent et un ciel complètement couvert avec une belle neige qui tombe.

WOOOOOOOOOOW !!!!

5h du matin : la motoneige et le traîneau sont embarqués, on est prêt à partir pour l’expérience de l’hiver.

7h du matin : Les skis sont mis, les peaux installées, nous partons à la découverte des lignes monstrueuses que nous avons vues sur les cartes, 420 m de descente, 200 m de dénivelé et un départ à 65 degrés d'inclinaison. Du stock d’exception pour la région du Saguenay.

Nous nous approchons de plus en plus du point de vue de cette ligne. Pas à pas dans 70 cm de poudreuse, nous nous apprêtons à voir la ride qui nous attend.

8h du matin : Rien ne peut décrire l’émotion ressentie à la vue du terrain qui se dressait devant nous. Cette ligne ne ressemble à rien de connu au Saguenay-Lac-Saint-Jean ! Le temps d’un instant, nous nous retrouvons ailleurs. Le genre de ligne que tu peux voir en Gaspésie, mais au Saguenay !

J’ai tellement crié pour exprimer ma joie face à cette découverte. Mais j’étais loin de penser que cette ligne monstrueuse, si magnifique, que j’avais tant hâte de descendre, pourrait être celle qui mettrait fin à mes jours...

Avant même d'arriver au sommet, nous nous sommes retrouvés dans une situation dangereuse. En arrivant à la base du couloir, nous remarquons des signes d’instabilité dans le manteau neigeux. Des woompf se font entendre. On ne s’alarme pas, on met ça sur le compte du terrain : un terrain recouvert de chablis sous neige, de branches et de divers végétaux ligneux fragiles. Une couche d’air sous une couche de neige, ça fait crack et ça fait woompf, rien d’inquiétant selon nous.

Plus on monte, plus l’excitation se transforme en inquiétude. Le comportement du manteau neigeux montre bel et bien des signes d’instabilité. À mi-montée, nous établissons un plan pour éviter une catastrophe. On reste sur du terrain régulier à 25 degrés max, et surtout on évite les convexités et les dômes. On reste safe.

Photo: Philippe Girard

On est presque au sommet, il en reste peu à gravir, mais le terrain change drastiquement. On commence à quitter la zone safe. La dernière traverse représente un danger réel. C’est devenu pas mal plus à pic. On observe et on évalue par rapport à nos connaissances. Possédant CSA1 et CSA2 en avalanches, on tente du mieux qu’on peut de trouver un chemin qui pourra satisfaire nos besoins. On établit un itinéraire qui nous semble juste et hors de danger.

GRAVE ERREUR.

Enfin, un à la fois, nous empruntons le sentier qui nous semble être un safe spot à utiliser. J’enclenche la marche, tout est beau, je m’arrête et je me rends compte de la position dans laquelle je me trouve. Je dis tout haut : « Ici ce n’est vraiment pas beau et ce serait le spot parfait pour être dans la marde. » Sans même pouvoir penser à rebrousser chemin, POUFFFFFF, ça décroche…

Je n’ai même pas le temps de réfléchir que je suis emporté par une avalanche de classe 2 avec une couronne de 40-60 cm résultant en 140 cm d’épaisseur de débris.

Photo: Philippe Girard

15 secondes plus tard, après avoir percuté 2 arbres et la tête hors de la neige, je cherche mon air, mais je ne suis pas enseveli. Merci aux arbres que j’ai rencontrés, ils m’ont permis de garder la tête hors de la neige, sans eux… j’aurais été complètement enseveli…

QUELLE CHANCE !

Je n’ai rien… Une pensée… mes amis !!

Ils n’ont pas été emportés et sont venus à mon secours.Tout le monde est maintenant hors de danger et personne n’est blessé.

Plus de peur que de mal !

Une heure passe, durant cette heure, nous discutons de l’évènement, de nos erreurs et de la chance que j’ai de n’avoir rien !

Après avoir repris nos esprits, nous nous dirigeons dans un terrain sécuritaire avec moins de risque et réussissons à profiter de cette magnifique journée ! 25 degrés d’inclinaison, de la poudreuse à n’en plus finir et des amis en vie, que demander de mieux ! Nous avions vue sur un lac enneigé, le sourire aux lèvres et de l’énergie pour faire quelques laps.

Nous sommes rentrés de cette journée plus conscients que jamais des risques réels que sont les avalanches et heureux de notre journée malgré les évènements ! Nous avons vécu de l’excitation, du doute, de la peur, du bonheur face à la vie et à nouveau de l’excitation.

C’est ce qu’on appelle une journée haute en sensations fortes, mes amis !

Conclusion

Mes collègues et moi disposons de nos deux cours de sécurité en avalanche (CSA1 et CSA2) et cumulons plusieurs centaines d’heures de pratique en terrain risqué. On peut connaître toutes les informations théoriques quant au danger des avalanches, mais nous n’en étions pas réellement conscients jusqu’à ce qu’on vive cette expérience. Nous nous sommes fait avoir par le plus grand danger qui côtoie l’humain dans de telles situations : l’excitation. Je me suis toujours dit que je ne me ferais jamais avoir par mes émotions, que je suis une personne rationnelle, mais non. Ma passion pour le ski de haute route et la poudreuse a été beaucoup plus forte que moi et j’en ai subi les conséquences.

Heureusement, rien de dramatique ne s’est produit et je peux, aujourd’hui, raconter mon histoire la plus rock 'n' roll de ma vie, car j’aurais pu réellement la perdre.

Je continue à pratiquer ma passion et je n’arrêterai jamais de repousser mes limites, mais maintenant je respecte les limites que le terrain et les différents climats m’imposent.

Philippe Girard est intervenant en plein air et Ambassadeur Xalibu Ski. Il a gracieusement accepté de partager son expérience avec la communauté. Tu voudrais faire de même ? -> contact@estski.ca

Co-auteurs : Dylan Bouchard et Philippe-Alex Guay Hébert (Phlex)

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