Les explorateurs du parc de la Gaspésie
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Les explorateurs du parc de la Gaspésie

Logan, Macoun, McGerrigle... t'es tu déjà demandé d'où venait les noms que portent les différents sommets du parc de la Gaspésie? Retour dans les archives et dans le temps pour en apprendre plus sur les premiers explorateurs du deuxième plus vieux parc national du Québec. Le texte ci-dessous est tiré d'une publication de Parc Ami Chic Choc (maintenant Destination Chic-Chocs) de 1990 intitulé « Parc de la Gaspésie. Une mer de montagnes ». Le texte a été adapté pour couvrir les explorateurs dont un mont porte aujourd'hui le nom. Bonne lecture!

« La région du parc de la Gaspésie a toujours exercé une certaine fascination chez l'homme qui admirait ses hauts sommets à partir du fleuve Saint-Laurent. Ces montagnes nommées à juste titre Shick-shock par les Micmacs, ce qui signifie montagnes escarpées, révèlent également une autre réalité de l'univers mental des Autochtones, shick-shock signifiant habitat de fous déments (crazy mad) où il ne faut s'aventurer qu'avec prudence. Les Autochtones ont été certainement les premiers visiteurs du territoire du parc de la Gaspésie, suivis probablement par de nombreux coureurs des bois et trappeurs. Cependant, aucun témoignage de ces gens ne nous étant parvenu à ce jour, nos recherches s'avèrent vaines dans cette voie.

C'est au milieu du 19e siècle que nous parviennent les premiers témoignages d'explorateurs venus à la découverte de ce territoire exceptionnel qu'est le parc de la Gaspésie. Ils sont intimement liés à la création et au développement de la Commission géologique du Canada. Cette commission, créée en 1843, a comme mandat de donner la description finale, entière et scientifique des roches, terrains et minéraux du Canada. Son premier directeur, William Logan, prend la direction des premières explorations que cette société entreprend dans la péninsule gaspésienne. Ainsi, il explore la région de la baie des Chaleurs en 1843 et dès 1844, il entreprend l'exploration de la rivière Cap-Chat, du mont Logan et de la rivière Cascapédia, traversant du nord au sud la péninsule gaspésienne. Ce géologue donne le départ d'une multitude d'explorations scientifiques sur ce territoire. Ainsi, géologues, géographes, biologistes, botanistes, chimistes et arpenteurs se succèdent; ils découvrent à tour de rôle les richesses que renferme ce territoire et diffusent ces importantes découvertes. Comme nous ne pouvons nommer tous ces nombreux explorateurs, nous les avons regroupés en trois grandes catégories. Cette division tient compte de l'époque à laquelle les explorations ont été effectuées, des moyens physiques et intellectuels dont dispose chaque explorateur et des résultats obtenus.

Les Pionniers (1844-1880)

Ces explorateurs forment la première génération de visiteurs qui explorent le territoire du parc de la Gaspésie entre 1844 et 1880.

Photo: Pierre-Olivier Bédard

Ces explorateurs ont une formation et une expérience très réduites; la géologie à cette époque en est à ses premières armes au Canada. Ils contribuent à former la deuxième génération de géologues de la Commission géologique du Canada qui parcourent également le territoire du parc de la Gaspésie. Ces premiers explorateurs utilisent les mêmes moyens pour parcourir pendant les mois d'été le territoire du parc. Ils font appel à des guides Micmacs qui connaissent ce territoire, ils utilisent comme voie de pénétration des rivières qu'ils remontent avec des embarcations légères et pour assurer leur ravitaillement en nourriture, ils puisent tous à même les ressources locales disponibles. Leur menu se compose presque essentiellement de porc-épic et de saumon que les guides autochtones chassent et pêchent facilement.

Leur équipement de randonnée est des plus simples et leur occasionne mille souffrances dues au froid et aux intempéries en plus d'être continuellement harcelés par les mouches noires. Chacun de ces explorateurs, dans leur rapport d'expédition respectif, décrivent la sensation féérique qu'ils éprouvent lorsqu'ils atteignent les hauts sommets desquels ils dominent toute la nature environnante. Le résultat de leurs expéditions permet de tracer la première cartographie de cette région et d'émettre la première hypothèse sur la formation géologique de la partie est du continent nord-américain.

Sir William Logan

Géologue et premier directeur de la Commission géologique du Canada, il consacre sa vie à l'approfondissement des connaissances géologiques du territoire canadien. On le considère comme le père de cette science au Canada. C'est en 1844 qu'il explore l'intérieur de la péninsule gaspésienne pendant près de trois mois. Il dirige alors une équipe de 9 personnes, composée d'un assistant, d'un chimiste et de quelques autochtones. Ce groupe remonte la rivière Cap-Chat, gravit le mont Logan et descend la rivière Cascapédia. C'est en son honneur qu'on nomme cette montagne mont Logan quelques temps après l'exploration.

Vue sur le Mont Logan. Photo: Pierre-Olivier Bédard

James Richardson

Explorateur et géologue, il explore la rivière Madeleine, les monts Jacques-Cartier et Richardson (nommé en son honneur, NDLR) à l'été 1857. Il revient explorer la région dans les décennies suivantes pour son compte personnel. Il acquiert d'importantes concessions forestières sur ce territoire et fait construire à Matane, Cap-Chat et Sainte-Anne-des-Monts des scieries qui fonctionneront pendant longtemps.

Les bâtisseurs (1880-1930)

La deuxième génération d'explorateurs du parc de la Gaspésie est formée de spécialistes de plusieurs disciplines scientifiques; aux géologues s'ajoutent des biologistes, des botanistes et des cartographes. Ils sont très nombreux à explorer ce territoire entre 1880 et 1930, la plupart du temps en petits groupes, rarement seuls. C'est par vague successive qu'ils parcourent le territoire du parc, au début de la décennie 1880, à l'aube du vingtième siècle ainsi que dans les années 1920. La majorité de ces explorateurs représente le milieu scientifique canadien anglais, bien que quelques scientifiques américains de renom se soient intéressés au territoire du parc de la Gaspésie. Un seul Québécois s'est illustré dans cette période, il s'agit de Marie-Victorin, le père de la botanique québécoise.

Photo: Pierre-Olivier Bédard

Comme pour les premiers explorateurs, cette deuxième génération d'explorateurs du territoire du parc de la Gaspésie utilisent comme voie de communication les différents cours d'eau de la région de Gaspé-Nord. Ils sont généralement guidés par des citoyens de Sainte-Anne-des-Monts ou de Cap-Chat qui leur fournissent le ravitaillement ainsi que les embarcations nécessaires à leurs excursions. Ces guides portent des noms typiquement locaux comme Joseph Fortin (un mont du parc national de la Gaspésie est nommé en son honneur, NDLR), Sam Côté, le père Pelletier, P. Lévesque, etc. Cette région demeure difficile d'accès vu le caractère abrupte et profond ou escarpé des nombreux cours d'eau qui en sortent, l'épaisse forêt qui couvre toute cette contrée à l'exception des sommets dénudés et l'absence presque complète de chemins. La somme des connaissances recueillies par ces nombreux explorateurs permet de tracer pour la première fois un portrait fidèle de la région du parc de la Gaspésie, d'en révéler les richesses et ainsi leur conférer le titre d'instigateurs du parc de la Gaspésie en 1937.

Les géologues

Ells, R.W.

Géologue, membre de la Commission géologique du Canada, à l'été 1882 avec une équipe de chercheurs, il explore le territoire environnant des rivières Sainte-Anne et Madeleine ainsi que plusieurs sommets des Chic-Chocs. Il refait, en 1883, en partie, le trajet de W. Logan, traversant alors la péninsule gaspésienne en passant par la rivière Cascapédia. Il est l'un des premiers à reconnaître, à examiner et à cartographier le lac Cascapédia. Les résultats de ces deux expéditions lui serviront à déterminer la conformation physique et géologique de ce territoire. C'est probablement au cours de ces explorations que les premières photographies du territoire ont été prises. (Le mont Ells dans le secteur du lac Cascapédia a été nommé en son honneur, NDLR)

Trois autres géologues explorent le territoire du parc de la Gaspésie durant cette période. Il s'agit de A.P. Coleman (un mont de la réserve faunique de Matane a été nommé en son honneur, NDLR) qui explore en 1918 la région du mont Logan; F.J. Alcock qui explore le mont Albert en 1926 et I.W. Jones qui explore le canton de Lesseps en 1931 et la région de Marsoui (mont Jacques-Cartier en 1933).

Les biologistes

John Macoun

Botaniste de la Commission géologique du Canada à partir de 1882. Il est probablement un des premiers botanistes à herboriser sur le sommet du mont Albert à l'été 1882, avec son fils James. Il passe trois jours sur le sommet du mont Albert et y cueille un éventail très large de plantes arctiques-alpines et communique en 1884 ces découvertes dans un article publié par la Société royale du Canada. Pendant cette expédition, John Macoun et son fils James recueillent entre le village de Sainte-Anne-des-Monts et le mont Albert près de 790 espèces de plantes différentes. Les travaux de ce botaniste serviront de base aux expéditions futures de M.L. Fernald au 20e siècle. (Le mont Macoun est nommé en son honneur, NDLR)

Photo: Félix Savard-Côté Skieur: Pierre-Olivier Bédard

Allen, Arthur

Botaniste américain spécialiste des lichens, il a visité la région des monts Albert et jacques-Cartier en 1881, ainsi que la vallée de la rivière Cap-Chat et le mont Logan en 1882. Il est probablement celui qui provoque, par les résultats de ses expéditions, la venue de J. Macoun et de M. L. Fernald sur ce territoire. (Le mont John-A.-Allen est nommé en son honneur, NDLR)

Fernald, Merritt Lynton

Botaniste américain, professeur à l'Université Harvard, directeur du Gray Herbarium de cette université. Il est la plus haute autorité en matière de botanique dans le Nord-Est américain de son époque. Il inspire toute une génération de botanistes dont le frère Marie-Victorin qui adopte sa méthode et le consulte avec une véritable avidité. Il est venu à quelques reprises sur le territoire du parc de la Gaspésie avec quelques confrères, en 1905 et 1906, ainsi qu'en 1922 et 1923. (Un mont et une réserve écologique ont été nommées en son honneur, NDLR)

Les contemporains (1930-84)

Cette génération d'explorateurs laisse une place prépondérante aux Canadiens-français. Sous l'impulsion du frère Marie-Victorin, les études biologiques sur la flore et la faune se continuent et les études géologiques prennent une nouvelle direction plus pratique. Les géologues essaient surtout de repérer des gisements miniers importants pour attirer l'industrie minière dans cette région.

Photo: Pierre-Olivier Bédard

L'amélioration des moyens de communication et la multiplication du réseau de chemins forestiers rendent le territoire du parc de la Gaspésie plus facile d'accès aux explorateurs de cette période. Les autorités du parc font également des efforts importants pour faciliter le séjour de ces explorateurs. Ils fournissent les autorisations de circuler,  des guides chevronnés, puisés à même leur personnel, et certains refuges ou abris pour permettre des séjours plus agréables. Par ailleurs, ces explorateurs doivent se soumettre à la réglementation sévère régissant le parc de la Gaspésie. C'est grâce aux nombreuses recherches de tous ces scientifiques qu'une importante somme de connaissances relatives au parc de la Gaspésie est présentement disponible. Ces connaissances ont été acquises bien souvent au détriment d'efforts physiques importants que l'on se doit de souligner pour rendre hommage à ces valeureux explorateurs.

Frère Marie-Victorin

Botaniste québécois, une grande sommité à son époque, il a guidé, conseillé et orienté une bonne partie des botanistes d'expression française de son temps. Il est l'auteur de la Flore laurentienne et il est le fondateur et le premier directeur de l'institut botanique de l'Université de Montréal. Le frère Marie-Victorin explore à deux reprises le mont Albert, à l'été 1923 ainsi qu'en août 1940. Il est accompagné à chaque occasion par ses disciples Jules Brunet, R. Germain et Rousseau. (Le mont Marie-Victorin près du sommet Nord du mont Albert est nommé en son honneur, NDLR)

McGerrigle, H.W.

Géologue du ministère des Mines et des Richesses naturelles de 1937 à 1970, directeur du Service de l'exploration géologique de 1957 à 1967. Il fait d'importants travaux géologiques sur la péninsule gaspésienne et des explorations dans les années 1950 sur le territoire du parc. C'est en reconnaissance de son travail qu'on a rebaptisé les monts de la Table en les monts McGerrigle. »

Textes originaux de Rock Lauzier et illustrations de Louis Tremblay tiré de:

PARC AMI CHIC CHOC. Parc de la Gaspésie. Une mer de montagnes. D'un milieu naturel à un parc de conservation. Sainte-Anne-des-Monts, 1990, 63 p.

Reproduction autorisée par Destination Chic-Chocs.

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