Je m'étais acheté de nouveaux pantalons techniques. Tout un upgrade! J’étais super satisfait de mon nouveau kit, jusqu'à ce que je me penche pour rentrer dans ma tente. Dans un élan de grand écart furtif, mon Goretex est devenu soudainement très respirant. J'avais déchiré ma «froque» de bord en bord! Mais qui blâmer? L'utilisateur? Le fabricant? Les designers? Comment définit-on la durabilité d'un vêtement technique? Ou même d'une paire de jeans? On se fie à ce que l'équipe marketing de la marque nous dit? Que c'est la pièce d’équipement la plus durable jamais conçue?
Il n'y a rien de mieux que son propre jugement. Je ne ferais pas confiance à l'agence de marketing Sid Lee pour me dire la stabilité du manteau neigeux dans les cuves des Mines Madeleines. De la même manière, me faire dire que c'est durable me laisse toujours perplexe. J'aime plutôt me fier à des observations tangibles. Je vais vous montrer ici quelques astuces pour déterminer la durabilité potentielle d'un vêtement technique, chose que je ne savais pas lors de l'achat de mon premier pantalon coquille. On peut généralement diviser un produit en 3 sections: les matériaux, la confection et la construction.
Le denier
Le denier sera parfois mentionné, généralement de manière abrégée (ex: 20D, 80D, 150D). Il représente le poids du fil utilisé pour tisser l'étoffe même (le tissu). Plus il est mince, plus il est fragile, ça va de soi. Le denier le plus fin que j'ai vu à date est un Nylon 7D, extrêmement fin. Le nylon qui compose les sacs de couchage ultra-légers se situe généralement entre 10D et 20D. À l'autre bout du spectre, il y a les canvas en nylon (souvent appelé Cordura), qu'on retrouve parfois au bas des pantalons de ski, et qui se rapprochent du 500D ou même 1000D. La toile qui recouvre ton BBQ en hiver doit être autour de 400D, pour te donner un point de repère tangible.
La fibre
Le nylon est un matériau très résistant. C'est pourquoi il est tant utilisé dans l'équipement de plein air. Il existe cependant différentes qualités et propriétés de nylon, mais bonne chance pour trouver cette information! Un des défauts du nylon, c'est qu'il absorbe l'eau (4 à 8% de son poids), une infime partie, mais quand même. Cela crée surtout un problème dans le cas des bâches qui, sous la pluie, vont avoir tendance à ramollir comme un chandail en coton trempé. C'est la raison pour laquelle certaines bâches sont faites en polyester. Bien qu'il soit plus fragile à l'abrasion, il réagit beaucoup moins à l'eau et ne sèche pas aux rayons UV du soleil. Dans le cas des vêtements, nylon signifie durabilité en règle générale.
Type d’étoffe:
- Les étoffes tissées sont créés par des fibres entrelacées et superposées. Elle sont généralement rigides et coupe-vent. Elles sont très résistantes aux accrocs, à l'abrasion et aux déchirures.
- Les étoffes tricotées sont créés par des mailles qui s'accrochent les une aux autres, et sont ainsi interdépendantes. Si une maille se défait, toute la chaîne se défait par effet domino. Cependant, c'est une construction qui respire mieux vu sa structure ouverte. Elle est plus flexible, mais aussi plus fragile aux accrocs. Les bas et couches de bases sont faites ainsi.
- Vous verrez parfois les « Stretchwovens » (tissés élastiques), souvent employés pour les pantalons de randonnée. Ils viennent chercher la durabilité des tissés, avec les propriétés mécaniques élastiques des tricots. Pour y arriver, on combine souvent une fibre résistante comme du nylon avec une fibre élastique comme le lycra pour aller chercher l’élasticité. Cette fibre élastique est souvent une forme de polymère fragile qui a une absorption d’eau comparable au coton.
L’autre manière d’y parvenir est plus rare, mais largement plus durable et
performante. Ce sont les tissés élastiques « par construction ». Si vous voyez
ce terme, c’est le jackpot. Sinon, si l’étiquette de compositions du vêtement dit que c’est élastique mais 100 % nylon ou polyester, on peut déduire que c’est élastique par construction. La manière dont les fibres sont disposées va leur laisser une marge de manœuvre pour se déplacer et ainsi s’étirer sans endommager l’étoffe, comme une corde d’escalade.
– Il existe aussi la catégorie de « nonwovens », qui ne sont ni tissés, ni
tricotés. Ils sont plutôt créés par processus chimique, thermique, ou autre. Ils
ont une structure généralement aléatoire comme la membrane d’un tissu
imperméable, mais je vous épargne les détails.
Ripstop
Lorsqu'on entend Ripstop, on entend durabilité. En créant une grille dans l'étoffe, composée d'un fil de plus gros denier, on créée une structure qui va ralentir l'usure, ou comme le nom le dit, les déchirures. Cependant, comme on peut s'y attendre, cet élément à la base pratique, est vite devenu un élément de style. Il existe donc plein de faux ripstop, j'irais même jusqu’à dire une majorité. Comme règle de pouce, si le ripstop est sous forme de diamant, losange, pentagone, bref, tout ce qui est "cute" et n'est pas carré, on considère imposteur.
Type d’isolant
Dans les vêtements isolés, on parle généralement de duvet ou d’isolant synthétique. Dans tous les cas, peu importe l’utilisation, on considère que les
isolants synthétiques perdent de 30 % à 50 % de leur isolation après quelques utilisations. Alors que le duvet ne perdra qu’une infime partie de son
pouvoir isolant après quelques années !
Les fermetures éclair
C’est souvent ce qui brise en premier dans un vêtement. Heureusement
c’est facilement remplaçable. Pour assurer la durabilité de vos vêtements, les
fermetures éclair « YKK » sont de très haute qualité et pas mal le standard
de l’industrie. Une partie de la production est faite ici à Montréal. L’écusson
YKK se trouve sur la tirette ou en dessous de celle-ci.
Les points par pouce
La couture pour assembler les pièces d'un vêtement joue un role très important dans la durabilité de l’équipement. Plus il y a de points de couture par pouce, plus grande est la durabilité. Chaque perforation (point) est en réalité un nœud qui relie deux pièces. Plus il y en a, plus c'est solide. Mais comme toute bonne chose, plus de trous, plus de temps; plus de temps, plus ça coûte cher. Pour compter les points, tire sur deux panneaux en direction opposée, tu verras apparaître les points qui tiennent tout ensemble. Tout dépend du matériau, mais généralement en dessous de 10 points par pouce c'est une confection de basse qualité. 10 et plus, c'est une bonne ou très bonne qualité. Règle de pouce, si tu n'as pas besoin de plisser les yeux ou d'une loupe pour compter, c'est pas super.
Les surpiqûres
La surpiqûre consiste à coudre par-dessus le pli d'une couture existante comme dans l'image ci-haut. Elle sert à accentuer un détail, ou à aplatir une couture. Dans tous les cas, elle vient donner une deuxième barrière de protection à la couture sous-jacente et double ainsi la durabilité. Les mêmes règles s'appliquent quant au nombre de points par pouce.
Les coutures thermocollées
Elles sont désormais omniprésentes dans le marché. Je l’avoue, elles donnent un look très épuré et technique. Cependant, leur durabilité peut être moindre. On applique entre deux surfaces de tissu une bande d’adhésif, qui, avec une haute température et de la pression, est fusionnée au tissu. Cela crée une adhésion extrêmement résistante et sans perforations. Le hic est que sa composition de polyuréthane se dégrade avec le temps, la sueur et surtout l’humidité prolongée. Leur stabilité est également extrêmement dépendante de la qualité de l’adhésif et le tissu sur lequel il est appliqué. Bref, ces coutures sont à éviter si elles sont utilisées à profusion puisque leur durabilité est un peu un coup de chance.
Les joints
Les lignes de coutures finissent toujours par se rencontrer quelque part. Sur un vêtement technique, on évitera les coutures à quatre directions pour différentes raisons. D'abord, pour le confort. Plus les coutures se superposent, plus il y a épais de matériau. Cela signifie un point de friction et d’inconfort possible. On retrouve souvent ce problème à la couture des aisselles. Ensuite, pour l’imperméabilité. Au niveau des coutures scellées pour les vêtements imperméables, l’épaisseur créée par la superposition des coutures peut affecter drastiquement l’étanchéité.
Le nombre de panneaux
Les vêtements, c’est comme un origami. On utilise une matière 2D pour lui donner une forme 3D. Pour y arriver, on utilise des coutures avec lesquelles on va donner une certaine forme au tissu pour conférer la meilleure amplitude de mouvement pour l’activité choisie. Cependant, comme les coutures représentent un maillon faible, plus il y en a, moins c’est durable à long terme. Donc plus un vêtement est épuré et simple, mieux c’est. Le meilleur vêtement est celui qui a la meilleure amplitude de mouvement tout en utilisant le moins de panneaux possible.
Emplacement des panneaux
Dans mon exemple du début, là où j’ai fendu l’entrejambe de mes pantalons, l’erreur était au niveau des panneaux. Il y avait une couture qui passait verticalement dans l’entre-jambe. C’est un endroit ou il y a non seulement beaucoup de frottement, mais beaucoup de stress, comme dans le cas d’un
grand écart à la Jean-Claude Van-Damme. Normalement on remplace la
couture par un « gousset » qui est un panneau supplémentaire qui vient
supprimer la couture.
Simplicité est synonyme de durabilité
Et dans les détails se cache la qualité
Choisis judicieusement
Parce que si ça dure longtemps
Et que tu n’es pas content
Tu vas être pogné avec
Pendant un bon bout de temps
Et revendre sur Facebook, c’est bien beau
Mais ce n’est pas sûr que Jo-blo
Va vouloir ton vieux manteau
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