Combien de temps avez-vous passé à explorer les forêts de l’est de l’Amérique du Nord à même votre ordinateur ? Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas les seuls. La technologie nous permet d’explorer et de planifier à distance, ce qui comporte son lot d’agréments, mais aussi de surprises. Voici une mise en situation qui explique par où on peut passer pour en venir à choisir le lieu d’un prochain trip de ski hors-piste. Au départ, on cherche un « spot » skiable puis, le plan se dessine tranquillement.
Si on ne vise pas une montagne en particulier, on commence souvent par chercher une pente intéressante. On veut au minimum 20 degrés, en s’assurant de ne pas convoiter les falaises. En utilisant un outil tel Caltopo (estski.ca/ressources), on est facilement en mesure de repérer les endroits où on devrait approfondir nos recherches. Voici un exemple concret avec une partie du parc national de la Gaspésie. Vous reconnaîtrez vos endroits favoris identifiés comme les pentes entre 20 et 40 degrés.
Une fois certaines pentes en tête, il est préférable de valider s’il est permis de skier sur ce territoire avant de pousser les recherches plus loin. Malheureusement, nous n’avons pas la réponse facile à cette question… ce sera peut-être le sujet d’un autre article. Pour le moment, nous vous recommandons de vous assurer que ce terrain n’est pas privé et par la suite, de vérifier avec les autorités responsables si le ski hors-piste est toléré. On parle souvent de terres publiques, d’un parc, d’une ZEC, etc. Une bonne place où commencer ses recherches est sur la cartothèque de l’organisation municipale du gouvernement du Québec. Une fois que vous avez déterminé dans quelle MRC et quelle municipalité se situe votre secteur, vérifiez en ligne pour obtenir tous les détails sur la division du territoire.
Par exemple, voyez vers qui vous devriez vous tourner si vous souhaitez savoir s’il est légal de skier cette belle vallée à proximité du fleuve en Haute-Gaspésie.
La troisième étape — d’importance cruciale dans l’Est — c’est de vérifier s’il est physiquement possible de descendre cette pente. La forêt est-elle assez dégagée ? La surface du sol empêche-t-elle la végétation de s’installer définitivement ? D’autres éléments naturels, comme les feux de forêt ou les glissements de terrain, peuvent créer de belles opportunités. L’utilisation d’images aériennes nous aide grandement pour cette étape. En utilisant Google Earth, on peut parfois choisir parmi plusieurs images d’un même secteur; certaines en hiver, certaines au printemps, etc. Il est même possible de voir comment le soleil affecte une pente donnée selon l’heure de la journée et la saison.
Voici quelques exemples, que nous identifions comme les secteurs 1, 2 et 3 pour poursuivre l’analyse.
Secteur 1 — Deux lignes potentielles, dénivelé d’environ 150 m
Secteur 2 - Quelques lignes de près de 400m de dénivelé
Secteur 3 - Deux lignes étroites, jusqu'à 400m de dénivelé
Une fois quelques secteurs skiables en tête, il est temps de définir le plan. On considère trois éléments : l’approche, l’ascension et les lignes skiables.
L’approche est un facteur clé dans le choix de votre destination. En vous focalisant sur elle, vous déterminerez si votre destination est accessible en ski, en motoneige, en combien de temps vous serez capable de l’atteindre, etc. Ça peut faire la différence entre traîner ou non l’équipement de camping ou encore entre faire 2 et 6 descentes. Règle générale : on peut espérer « s’approcher » du lieu skiable à une vitesse de 3-4 km/h dans des conditions idéales (sentier). Dans une forêt dense, ça peut se compliquer. On procède ensuite comme suit : on détermine d’abord où on stationne l’auto, puis comment se rendre au secteur skiable de manière efficace. Choisir un chemin d’approche sûr et simple est rarement un mauvais choix. Visez les chemins forestier, les ruisseaux gelés ou idéalement, les forêts matures et espacées.
Dans notre cas, les options d’approches on été définies de cette manière pour les trois secteurs respectifs.
Secteur 1
Secteur 2 - Pour ce secteur, afin de faciliter la vie du rédacteur, disons simplement que l’approche doit se faire de manière créative. Pensez motoneige ou encore ski de fond et camping, etc. Eh oui, c’est souvent le cas avec les meilleurs spots.
Secteur 3
Pour le chemin d'ascension, on privilégie généralement la plus faible pente possible afin de minimiser l'effort. Si vous calculez une inclinaison de plus de 25 degrés, commencez à douter de l'efficacité des peaux de phoques. La densité de la forêt est aussi un facteur à ne pas négliger... Vous permettra-t-elle de faire vos switch back à des moments opportuns ? Réduira-t-elle de moitié la durée de vie de votre shell ? Un bon nombre d’outils vous permettent de créer vos propres itinéraires : Google Earth, Garmin BaseCamp, QLandkarte GT - opensource, etc.
Dans notre cas, les possibilités d’ascension sont définies comme suit :
Secteur 1
Secteur 2
Secteur 3 - Pour ce secteur où la pente est importante, regardons nos options.
On ne se contera pas de menterie. Pour ne pas avoir de surprises, il est toujours mieux d’aller visiter votre site de choix en automne. Avec un peu d’expérience, vous pourrez imaginer de quelle manière la neige change le terrain et déterminer quelle couverture est nécessaire.
Retour sur le secteur 2, l’histoire d’une fois où nous sommes allés vérifier de plus près si ce spot incroyable était vraiment skiable...
Avant de s’y rendre pour skier, on veut déterminer si les conditions de neige sont favorables. À cet effet, plusieurs ressources en ligne sont aussi disponibles.
Commençons par l’épaisseur de neige au sol. Un favori est le site des données climatiques du gouvernement provincial, qui rassemble un lot intéressant de stations météo (certaines automatisées, d’autres où les relevés sont faits à la main). Lorsqu’il n’y a pas de station météo à proximité, l’utilisation des données rendues disponibles par la NOAA nous aide à nous faire une tête.
Comme les approches des secteurs 1 et 2 sont trop complexes, regardons si le troisième secteur tient assez de neige en stock pour une visite. On trouve une station météo à proximité.
Ensuite, la densité de la neige est aussi à considérer, surtout si l’épaisseur est minimale. Une densité inférieure à 200 kg/m3 pour le manteau neigeux au complet, ça risque de ne pas supporter votre poids dans l’approche comme la descente, ce qui peut compliquer les déplacements. À l’opposé, si seulement le dernier 20 cm est de très faible densité, on peut frapper le jack-pot.
Finalement, pour les conditions de neige en tant que telles et la stabilité de la neige, les prévisions météo ainsi que vos observations sur place sont vos meilleurs amis.
N’oubliez pas de regarder la page des webcams avant de partir !
Bonne exploration !
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