L'Est du Canada n'échappe pas aux croûtes. Une particularité de l'Est est le verglas et la pluie, qui affectent chaque hiver notre région. Plus on passe de temps dans l'arrière-pays, et plus on fait connaissance avec ce phénomène. Souvent désagréables à skier, elles peuvent contribuer à créer un potentiel d'instabilité dans le manteau neigeux. Une croûte peut se former sur de la neige poudreuse ou bien sur une surface durcie comme une plaque à vent.
Lorsque vous montez, il est assez difficile de savoir si cela sera plaisant ou dangereux à la descente. La seule chose que vous allez pouvoir vraiment savoir, c'est qu'il y a une croûte et qu'elle pourrait être gênante.
Toutes les croûtes ne naissent pas égales. Plusieurs facteurs en influencent la formation et donnent une surface bien différente au final.
On parle de glace bleue lorsque son épaisseur supporte le poids d'un skieur.
Cette croûte supporte toutefois rarement car il faudrait une quantité de verglas énorme pour avoir une épaisseur suffisante de croûte. Elle forme une couche de faible cohésion propice à une future instabilité du manteau neigeux.
Croûte de pluie verglaçante - photo : Thomas Thiery
Elle ressemble à celle du verglas mais elle est souvent moins épaisse car la pluie se mélange à la neige. Elle supporte rarement un skieur sauf si elle recouvre une neige durcie.
Croûte de regel après un épisode de pluie - photo : Avalanche Québec
On retrouve cette croûte plus souvent au printemps, sur les versants ensoleillés mais aussi parfois en milieu d’hiver quand le soleil devient plus vigoureux. Tandis que la température reste en dessous du point de congélation, le soleil chauffe la surface. Cette croûte est généralement assez mince et friable et elle ne supporte pas un skieur.
Regel suite aux cycles de dégel-regel printaniers - photo : Thomas Thiery
Lors des premiers cycles de gel/dégel, le manteau neigeux n'est pas encore consolidé complètement, seulement la surface devient croûtée lorsque la température passe sous zéro. Mais à mesure que ce cycle se poursuit, la neige devient de plus en plus humide et gèle beaucoup plus profondément, créant une couche "béton" de plus en plus épaisse.
La croûte de vent est constituée de cristaux de neige décomposés par le transport éolien. Elle est très compacte mais se brise aisément. Elle ressemble beaucoup à une plaque à vent dure mais est moins épaisse.
Croûte de vent - plaque à vent - photo : Avalanche Québec
Ce n'est pas parce qu'il y a une croûte que ce n'est pas skiable. Par contre, une grande précaution est nécessaire lors de la descente, car l'épaisseur aura une influence majeure sur la skiabilité de celle-ci.
Supportante : c'est comme un bon damé de neige à canon quand la surface est uniforme et dure. Parfois, il se peut que la surface ne soit pas uniforme comme quand le vent ou le soleil ont été très importants (l'Amérique du Sud est un beau terrain d'expérimentation pour ce type de croûte). C'est skiable, très rapide, parfois agréable, mais d'autres fois désagréable et même dangereux. Attention aux lignes engageantes dans ces conditions. Il faut se méfier des croûtes de vent qui auraient évolué en plaques à vent. Souvent bien skiables, elles sont néanmoins propices à un déclenchement avalancheux.
Plaque à vent - photo : Avalanche Québec
Semi-supportante, ou la croûte à rails comme on l'appelle chez EstSki : l'avant du ski reste au-dessus de la neige mais la croûte cède sous le pied du skieur. C'est une croûte particulièrement dure à skier et dangereuse. On a deux choix : soit aller tout droit, soit y aller en "jump turn" (virages sautés). La deuxième est à privilégier pour éviter les blessures.
Non supportante et peu décelable en skiant, de l'ordre de quelques millimètres : vous allez skier comme si elle n'existait pas.
Non supportante et gênante en skiant : la différence entre la croûte précédente et celle-ci est souvent quelques millimètres supplémentaires. À chaque virage, on sent quelque chose qui casse sous les skis. C'est souvent un peu déstabilisant et il est préférable de ne pas prendre trop de vitesse.
Maintenant que vous maîtrisez le sujet, n'oubliez pas de skier croûte que croûte!
Merci à Jean-Pierre Gagnon, prévisionniste à Avalanche Québec pour la relecture et la correction de texte.
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