Quête vaine sur le volcan Sollipulli au Chili
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Quête vaine sur le volcan Sollipulli au Chili

Dans nos explorations, on tire toujours quelques bonnes leçons. Cette fois-ci au Chili, c’en était une bonne. Il y a déjà deux ans, on était le 15 septembre 2016. Pour vous les Estskieurs, on vous raconte cette histoire, car on est convaincu que l’une des meilleures façons d’apprendre est de comprendre les erreurs du passé pour éviter de les reproduire.

Au Chili dans la région des volcans (Pucón, Osorno...) avoir une fenêtre météo pour gravir un volcan n’est pas toujours facile, il faut saisir chaque opportunité. Pour avoir passé plus de 2 mois au Chili, j’ai appris qu’à chaque journée acceptable, il faut aller skier si vous êtes là seulement pour le ski. Parfois entre la route, le repos, l’asado (barbecue) et le social, il devient difficile de bien préparer les sorties et on fait alors des petites erreurs. Voici le récit de l’une d’elles.

Tout commença par de la visite à notre maison de Pucón. Sociabilité oblige, on sort la bouteille de rouge et le barbecue. Depuis un petit moment, je regardais pour l’ascension du Sollipulli, un volcan avec un glacier dans son immense cratère. Étant donné l’heure tardive de la fin du souper, cet objectif relativement petit me paraissait être une bonne option pour le lendemain.

Ayant eu quelques dizaines de minutes de préparation j’ai simplement regardé la dénivellation verticale et le chemin d’accès.

Départ pour le chemin sud du Sollipulli:

Il est 6 h du matin, c’est le temps de partir en auto pour le chemin d’accès. Je pars seul, mon hôte a été découragé par la veille sur le volcan Pucòn. Depuis la maison, il faut compter 1 h de voiture, dont une bonne partie sur de la terre.

Arrivé à Curarrehue c’est la fin de la route goudronnée, on s’enfonce alors dans une vallée peu fréquentée par les touristes, mais extraordinaire. Les bus pour l’école sont légion à cette heure-ci et la route est tout de même escarpée. On ne se croise pas toujours à 2 autos. D’autant plus que la nuit a été fraîche et la route est un peu glacée par endroit. Cette route croise aussi de nombreux villages où les commerces se font rares, mais les fermes y sont courantes. Dans ce genre de vallées les animaux sont souvent en liberté et au milieu de la route cela rajoute à l’ambiance du lieu. En quittant la route, on quitte aussi le réseau cellulaire, je me dis que les secours ne viendront pas me chercher avant quelques jours si je me blesse.

Vue de la route du massif du volcan Sollipulli

Arrivé proche de l’entrée du parc, j’essaie de ralentir pour trouver le chemin que je pense le bon. Pas facile. Je fais quelques allers-retours pour enfin le trouver. Il n’y a pas de stationnement, un simple portail avec l’inscription « parc ». Je décide de me stationner devant le portail. Je ne pense pas qu’un bus va venir visiter le parc aujourd’hui. En essayant de me stationner j’ai également expérimenté la propulsion arrière et j’étais complètement embourbé, quelques branches sous les roues plus tard et me voici sorti d’affaire.

L'approche bottes aux pieds et skis sur le sac à dos

Je commence bottes aux pieds et skis dans le dos en apercevant les sommets au loin enneigés. Je prends le temps comme si cet objectif était facile. Après tout, 1000 m de dénivelé positif, ce n’est pas vraiment un problème. Je m’avance de plus en plus et les heures tournent sans toutefois me rapprocher de la neige. La forêt est extraordinaire avec ses Araucarias centenaires qui donnent une ambiance si particulière à cette approche.

Les araucarias, arbre rare et majestueux

Tout va bien, j’avance tranquillement sur ce chemin sans neige ou presque les heures avancent, mais la confiance est encore bonne. Après trois heures de marche, voici que la neige fait son apparition sur le chemin. Je me dis naïvement: « excellent, je vais pouvoir avoir mes skis aux pieds ». Ayant mal préparé, je me laisse guider par le chemin le plus évident et j’arrive dans un endroit complètement incroyable nommé Laguna Cochor. De la neige, une forêt d’Araucarias. Tout allait bien jusqu’à ce que je sorte mon GPS pour vérifier ce que je faisais réellement. Résultat, il faut que je rebrousse chemin perdant une bonne heure, je retourne sur mes pas et encore là ce n’est pas possible de trouver le chemin avec la neige. À force de tâtonnement, je sors de la forêt pour me retrouver dans un gros couloir d’avalanche. Le ravin a entièrement lâcher lors de la dernière tempête étant donné que c’est le chemin d’été et que je suis assez confiant sur la stabilité je décide de le remonter au complet.

Le ravin avec un dépôt d'avalanche de neige humide datant de quelques jours après la dernière tempête

Après une partie de peaux de phoques, puis un bootpack assez intense avec des pentes de 45 à 55 degrés, j’arrive au sommet du ravin et pense que le cratère ne se trouve plus trop loin. Je décide de prendre une pause et de sortir les outils pour voir si l’objectif est encore atteignable étant donné l’heure tardive, environ 15 h (le soleil se couche à 20h).

La vue sur le massif compense la frustration de ne pas pouvoir rencontrer l'objectif

Après vérification, c’est 5 km avec des petites descentes et montées. Cela devient clair dans ma tête qu’après 6 h de marche je ne pourrais pas atteindre de manière raisonnable le cratère seul et sans moyen de communication pour avertir que je vais rentrer extrêmement tard. Je décide alors de prendre un bon break et de profiter de ma descente bien extrême qui ressemble de très près à Tuckernam Ravine au Mont Washington (vertical, profil et ambiance). Devant cette maigre récompense, je me repasse un peu mes erreurs qui m’ont poussé à rater mon objectif :

* Faire venir un gars trouvé sur Internet et espérer avoir un super partenaire.

* Ne pas bien préparer un objectif, car on veut socialiser.

* Avoir une trace GPS, mais se dire que le chemin sera évident et qu’il n’est pas utile de la télécharger sur mon GPS.

* Prendre le temps de flâner alors qu’on est très loin de se rendre.

J’arrive en fin de journée, 1 h avant la nuit, à mon auto ce fut une énorme journée pour un tout petit 500 m de ski.

Certains villages ne sont pas accessibles en auto, il faut traverser ce genre de pont

Pour finir une grosse journée, voici la dernière bonne idée : prendre un gars en stop.

Étant donné la longueur de route et l’isolement lorsque j’ai croisé un monsieur au bord de la route je me suis naturellement arrêté. Sauf que voilà, le monsieur est ivre mort et mon espagnol n’est pas très bon. Aucune possibilité de se comprendre et un certain malaise embaumé de vapeur de vinasse rouge envahissent l’habitacle de la camionnette. Je ne sais pas trop ce qu’il me fait à l’approche de la ville, il me demande de m’arrêter un peu avant. Va voir des amis et reviens. Au croisement de la station de bus de la ville, je décide de le débarquer n’arrivant toujours pas à comprendre où il veut aller. Il est temps pour moi d’oublier cette journée et de rejoindre maintenant ma blonde qui m’attend sans doute avec un peu avec impatience à Pucòn.

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