Un premier hut trip californien miraculeux
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Un premier hut trip californien miraculeux

L’idée

 Quand on pense à faire un voyage dans un refuge en ayant comme objectif de skier hors-piste en s’éloignant des foules, on a d’abord tendance à recourir aux classiques québécois. Entre autres, le refuge des Mines Madeleine, idéal pour skier de l’alpin plus engagé, ou ceux du Mont Édouard qui permettent d’accéder à du terrain aménagé tout en vivant une expérience plus unique qu’une fin de semaine de touring habituelle. Le problème avec ce genre de projet, c’est qu’on doit normalement réserver son spot plusieurs saisons à l’avance ce qui rend vite l’organisation complexe. De plus, la météo du Québec étant ce qu’elle est, il est possible de se ramasser avec un chalet pour aller jouer aux cartes en montagne si la pluie se joint de la partie ou s’il fait trop froid pour être confortable sans sac de couchage -30ºC.

 Dans notre cas, on n’avait jamais été dans un refuge pour le ski et on voulait essayer l’expérience cet hiver, mais on s'est dit qu’on allait se donner une chance côté neige et température. On a donc commencé à chercher une destination différente de la Colombie-Britannique, qu’on avait déjà pas mal explorée chacun de notre côté. On voulait essayer quelque chose de nouveau, faire changement du pattern auto de location/auberge à partir de Calgary.

Après avoir éliminé l’Europe pour des raisons logistiques et budgétaires, il n'y avait plus beaucoup d’options sur la liste. La côte pacifique restait donc la plus attrayante. On a ensuite éliminé Washington ainsi que l’Oregon étant donné lemanque d’objectifs de touring plus simples et l’imprévisibilité quant au niveau du gel. Notre choix s’est donc arrêté sur la Californie, une option intéressante étant donné la possibilité de combiner ski et surf dans un même voyage de campeur à partir de San Francisco.

La mise en place

 Les recherches pour trouver le refuge étaient assez standard. Après quelques minutes passées sur Google, je réalise vite qu’il y a plein de refuges vraiment intéressants où skier un peu partout en Californie, mais qu’ils sont tous sold out pour la période du temps des fêtes. Quelques recherches plus tard, je trouve la perle rare, 2 nuits de libres pour 2 personnes au Peter Grubb Hut entre Noël et le jour de l’an. À 50$ USD par personne par nuit au taux de change actuel. Ce n’est pas donné, mais ça reste vraiment dans notre budget. Je savais que j’étais chanceux d’avoir un spot, j’en profite donc pour réserver cette plage horaire dans les minutes qui suivent. À première vue, ce n’est pas le refuge situé dans les montagnes les plus folles, mais avec un background de ski dans l’Est, je ne suis pas stressé qu’on va tout de même réussir à trouver quelque chose à skier. Mes attentes restent plutôt basses étant donné que c’est le seul endroit disponible sur près de 10 refuges dans la région.

Photo: Patrick Noël

J’ai continué mes recherches sur Google Earth ainsi que sur la carte Strava pour les abonnés premium, où on peut voir la Heatmap et les photos ajoutées par les gens ayant skié dans ce secteur. C’est là que j’ai réalisé qu’il y avait finalement bel et bien du terrain intéressant à skier malgré un dénivelé qui peut rappeler celui du Québec. La montagne en question, c’est Castle Peak, une montagne alpine de 2 776 m avec un sommet bien loadé par le vent présentant de grosses façades de roches qui délimitent les lignes. Très esthétique : ça me parle déjà. S’il ne neige pas, je peux espérer avoir du bon ski avec du transport de neige par le vent sur le plateau alpin à proximité. La haute altitude nous donnait aussi une chance de voir plus de neige que de pluie. Les descentes variant de 200 à 300 m de dénivelé nous arrangent, on va pouvoir faire plusieurs runs et essayer plein de lignes différentes. Ce n'est pas une longue mission non plus, environ 5 km pour se rendre au refuge et à partir de là, on monte directement sur le sommet. C’est la possibilité d’adapter facilement nos plans selon les conditions qui finalement nous rassure encore davantage sur le secteur choisi précédemment.

Photo: Patrick Noël

La mise en action

Quelques mois passent et nous voilà rendus en Californie ! On prend possession de notre campeur, visite quelques classiques californiens, puis on se dirige aussitôt vers Donner Pass, une heure de route à l’est de Sacramento. On a décidé de prendre la route une journée plus tôt et de dormir dans notre campeur de location près du site de départ vers le hut, vu la tempête sur le radar. On se voyait mal affronter une tempête de neige de 40 cm avec un GMC Savana montrant environ 500 000 km à l’odomètre et muni de pneus d’été (Oui, tu as bien lu, même pas des 4 saisons !).

 Le lendemain matin, on est réveillés par une tempête de pluie qui tarde à se changer en neige ainsi que de puissantes rafales de vent. On cherche dans les commerces à proximité pour s’acheter un permis de stationnement, mais c’est mission impossible. Personne au comptoir de l'hôtel, pas de comptoir de service à la clientèle au centre de ski ni au centre de trampoline avoisinant. On prend une chance quant à un potentiel ticket de stationnement et on prie pour ne pas avoir affaire à un service de remorquage. En même temps, ça nous arrangerait peut-être de se faire remorquer puisqu’au moment de partir, il est impossible de prédire si on pourra sortir du banc de neige une fois la tempête passée.

 Avec un départ vers midi, on monte vers le refuge dans la pluie en faisant une croix sur nos chances de faire autre chose qu’une approche. Dans le meilleur des cas, on s’installe confortablement, on dort bien et on croise les doigts pouravoir un peu de neige au-dessus de 2400 m pour recouvrir la pluie s’étant rendue jusqu’aux sommets. Comme de fait, la pluie tourne à la neige en soirée et les vents se calment. Le poêle à bois roule à plein régime et on goûte à la vie de refuge pour de vrai avec seulement 2 autres colocataires, également québécois, et forts sympathiques.

Photo: Patrick Noël

Le lendemain matin, la neige scintille, un vrai blue bird pow day californien. Pas un nuage en vue, environ 15 cm de poudreuse fraîche, neige qui se densifie en profondeur. Tout porte à croire que le ski sera excellent et que les conditions avalancheuses seront stables.

 Le soleil rayonnant nous a rempli de motivation, ça s’annonçait être assez similaire à l’idée qu’on s’était fait de notre hut trip de rêve, finalement ! On fait 2 descentes sur le versant nord à un rythme ralenti par l’altitude et les pauses pour regarder les vues spectaculaires. On voit quelques skieurs au loin, tout le monde tente sa chance de mettre ses traces sur des lignes esthétiques et créatives. C’est tout ce qu’il faut pour rendre tous les skieurs heureux !

Photo: Patrick Noël

 Le miracle dans tout ça ?

 Dans le titre, je parle de miracle, mais malgré le beau ski et tout ce qui vient avec, rien de miraculeux n’est encore arrivé dans mon histoire. Le miracle, en fait, c’est d’avoir trouvé un spot pour réserver pendant les vacances de Noël. On a appris, en parlant au groupe de 11 personnes nous ayant rejoint pour notre deuxième nuit, que les mois de novembre etdécembre

étaient réservés en entier aux gens ayant fait du bénévolat pour l’entretien du refuge durant l’été. La disponibilité des places que nous avions réservées a donc simplement été rendue possible grâce à un bug informatique, ce qui explique pourquoi ce refuge était le seul toujours disponible pour la réservation dans l’état en entier. Cette explication nous a permis de comprendre un peu mieux la réaction qu’a eu ce groupe en arrivant. Eux qui croyaient avoir la paix au refuge après leurs longues heures de bénévolat ont dû finir par le partager avec 4 franco-canadiens. Le hut étant maintenant àcapacité maximale, c’est une ambiance bien différente de la veille qui y régnait. Où on y était auparavant quatre Québécois lisant silencieusement et jouant aux cartes devant le poêle à bois, l’ambiance y était maintenant à la fête ! Dans tous les cas, on les remerciera pour la portion de soupe cheddar et bacon qu’ils ont fait en trop, elle faisait certainement du bien après une solide journée de ski.

On a profité à fond de notre fin de séjour, prenant conscience que ce serait fort probablement notre seule et dernière chance d’avoir accès à ce qui, apparemment, était un des refuges les plus prisés de la Californie. En effet, c’est ce qu’on a finalement appris en parlant à des gens prétendant que plusieurs autres refuges étaient infestés de souris et qu’il fallait être (habituellement) très organisé pour réussir à trouver une disponibilité au Peter Grubb Hut, peu importe la date de l’année. Ce trip restera donc mémorable et aura réussi à nous faire tomber sous le charme des refuges de ce genre, parleur ambiance authentique et par le confort qu’ils procurent, en comparaison au camping d’hiver !

Photo: Patrick Noël

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