Aperçu météo de la saison 2021-2022
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Aperçu météo de la saison 2021-2022

La saison dernière a été un cauchemar pour tous les skieurs et riders hors-piste au Québec. Un vortex polaire puissant à la fin 2020 combiné à un courant-jet surpuissant dans l’océan Pacifique nous avait alors donné droit à un début de saison tout simplement médiocre. La situation ne s’est d’ailleurs malheureusement jamais rétablie sur certaines régions avec l’anéantissement du vortex polaire début 2021. Le corridor de dépressions s’est alors retrouvé au sud de la province, nous laissant avec du temps sec et froid. Le résultat fut sans doute la pire saison en termes d’enneigement en montagne depuis des années voire des décennies sur certains secteurs. Par chance, si l’on en croit les informations disponibles en ce moment, il semble y avoir plus d’espoir cette saison côté neige au Québec. Des raisons portent à croire que le vortex polaire ne devrait pas être en mesure de contenir l’air froid dans l’Arctique comme c’était le cas au début de la saison dernière.

L'oscillation quasi biennale

Ce tableau représente les vents en altitude au-dessus de Singapour dans le temps. Le bleu représente les vents de l'est et le doré les vents de l'ouest. Tout ce qui est au-dessus de 30hPa est dans la stratosphère. On peut donc en conclure que les vents d'est sont prédominants en ce moment.

Comme on l’avait abordé lors de l’article paru au mois d’août, notre OQB est actuellement en phase de vents de l’est. Cela devrait demeurer ainsi pour la saison. Lors de cette phase, les vents de l’est présents dans la stratosphère ont tendance à ralentir le courant-jet et affaiblir le vortex polaire, ce qui permet à l’air froid de descendre en plus grande quantité sur le continent nord-américain. On constate aussi que les évènements de réchauffement stratosphérique susceptibles de perturber fortement ou même diviser le vortex polaire sont plus fréquents lors de la phase est de l’OQB. Cela coïncide avec des hivers généralement plus froids sur l’est de l’Amérique du Nord et le nord de l’Europe. Le signal est assez clair sur les modèles au niveau des anomalies de pression et de température au-dessus de l’arctique : le vortex polaire aura définitivement du mal à retenir l’air polaire au nord de nos secteurs ce qui devrait nous assurer un apport en air froid assez consistant cette saison.

Minimum de glace dans l'arctique

Superficie minimale de glace dans l'arctique cette saison observée au mois de septembre

Le minimum de glace dans l’océan arctique a eu lieu le 16 septembre cette saison et est le 12e plus bas enregistré depuis le début des observations satellite. Malgré cela, la quantité de glace minimale à l’été l’une des plus grandes des dernières années. Le manque de glace est définitivement marqué du côté atlantique de l’Arctique ainsi que vers la Russie tandis que la situation se rapproche plus de la moyenne vers l’Amérique du Nord. Cette anomalie pourrait également contribuer à perturber le vortex polaire au cours des prochaines semaines en créant des conditions plus propices aux transferts d’énergie vers la stratosphère à des latitudes élevées.

L'oscillation nord atlantique

L’oscillation nord-atlantique a également un effet sur notre climat, principalement sur la position du courant-jet dans l’est du continent et au large dans l’Atlantique. Celle-ci oscille sur une base irrégulière du positif au négatif. Lors d’une phase positive, un courant-jet à l’intérieur des terres est favorisé, ce qui permet à l’air chaud de remonter sur nos secteurs. Lors de la phase négative un courant-jet qui longe la côte Est ou qui est carrément un dessus l’océan Atlantique est favorisé, ce qui nous apporte généralement du temps plus froid et supporte le développement de tempêtes côtières qui peuvent nous apporter de grandes quantités de neige. Selon les observations du UK Meteorology Office, les températures de l’eau en surface de l’Atlantique Nord au mois de mai permettraient dans certains cas de prédire les tendances pour l’hiver suivant quant à l’ONA. On entrera pas trop dans les détails pour alléger l’article, mais les anomalies de températures de l’eau dans l’Atlantique Nord au mois de mai seraient généralement susceptibles de se reproduire l’hiver prochain. Selon les différents patterns d’anomalie, on peut déterminer avec plus ou moins de précision quelle phase de l’ONA est favorisée si ces anomalies venaient bel et bien à se reproduire dans les mois à venir, ce qui n’est pas toujours le cas. Bref, il y a toujours une bonne marge d’erreur quant aux prévisions à long terme concernant l’ONA. Malgré tout, la signature sur les cartes de températures de l’eau en mai 2021 est assez évidente et les modèles climatologiques semblent corroborer la chose dernièrement, une phase négative de l’ONA est favorisée. Cela semble se refléter sur les modèles, du moins pour les premiers mois de la saison. À première vue, cela promet pas mal plus que la saison dernière.

Selon la méthodologie du UKmet, une anomalie d'eau froide enclavée entre deux anomalies chaudes dans l'atlantique nord porte à croire qu'une ONA négative sera favorisée

Les prochains mois

Octobre

Malgré que l’on soit presque à la mi-octobre, on l’inclut dans la prévision. En gros, la tendance que l’on avait vue venir lors du dernier article semble se confirmer. Jusqu’à présent, les premières neiges se font plutôt timides et de nombreux secteurs n’ont toujours pas vu de gel au sol cette saison. Cette tendance généralement plus chaude et sèche que la normale devrait se poursuivre. On devrait toutefois se faire teaser par l’hiver vers la fin du mois jusque dans le sud de la province si tout se passe comme prévu. Par contre, avec le type de patron météo que l’on a en ce moment, les chances de voir des accumulations majeures en octobre sont assez minimes et les averses de neige devraient rester assez désorganisées s’il y en a.

Novembre

Carte des anomalies de précipitations selon le modèle Euro pour le mois de novembre 2021

Novembre devrait être un mois très intéressant et actif côté météo. En premier lieu, on devrait noter une cassure plutôt marquée avec le temps généralement sec que l’on connaît depuis maintenant plusieurs mois sur la province. Le Québec devrait alors se retrouver directement dans le corridor de tempêtes. On devrait voir plusieurs coups de pluie accompagnés de poussées d’air chaud, mais qui seront presque immédiatement suivies par des masses d’air froid issues de blocages atmosphériques. On devrait voir des conditions propices au soulèvement orographique et aux chutes de neige en montagne lors de tels évènements. J’ai l’impression que le corridor de tempêtes sera probablement poussé de plus en plus à l’océan vers la fin du mois alors que l’on aura plus d’air froid disponible sur le continent. La deuxième moitié du mois de novembre me semble plutôt neigeuse, du moins en montagne. Toutes les régions du Québec devraient pouvoir en profiter.

Décembre

Carte des anomalies de précipitations selon le modèle CFS pour le mois de décembre

Le mois de décembre pourrait être plutôt froid cette saison. Les choses devraient se calmer par rapport à novembre côté précipitations pour la majorité des régions. On devrait noter un plus faible nombre de systèmes organisés par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir en décembre. On pourrait voir des fenêtres de froid lors desquelles le corridor de tempêtes est supprimé au sud de la province et vers l’océan. Certaines régions plus loin dans les terres comme les Laurentides et le Lac-Saint-Jean pourraient être désavantagées côté neige par rapport aux régions plus près de l’océan. Les provinces maritimes et la Gaspésie pourraient continuer à voir du temps actif régulièrement comme au mois de novembre. La pluie devrait continuer à s’inviter en décembre, mais on devrait parler d’épisodes beaucoup plus momentanés et moins intenses que ce que l’on a observé la saison dernière. Je ne me prononcerai pas explicitement sur Noël puisque cela avait très mal vieilli l’an dernier, mais le désastre que l’on a connu en décembre dernier ne semble absolument pas sur le point de se reproduire. Il semble même y avoir de l’espoir pour du ski hors-piste de qualité acceptable assez tôt cette saison comparé à l’an dernier.

Janvier

Carte de températures et de hauteurs de géopotentiel dans la stratosphère pour le mois de janvier. On peut constater que la stratosphère est plutôt chaude et que le vortex polaire prend une forme plutôt elliptique, signe de faiblesse

Cela sera le dernier mois que l’on abordera lors de cet article puisque tenter de prédire plus loin ne sert tout simplement à rien si tôt dans la saison. Il est même assez difficile d’établir une tendance avec les informations disponibles présentement. Toutefois, j’ai l’impression que janvier pourrait nous apporter des températures plus en dents de scie que le mois de décembre. Le mois devrait être plus actif côté météo quoiqu’il est présentement impossible d’établir une tendance claire côté précipitations. Quoi qu’il en soit, si l’on en croit les modèles, les conditions propices au réchauffement stratosphérique seront présentes pour la première moitié de la saison. Cela pourrait bien culminer en un évènement de réchauffement stratosphérique majeur vers la fin décembre ou au cours du mois de janvier qui devrait alors perturber le vortex polaire. Il est toutefois trop tôt pour spéculer des effets précis que cela pourra éventuellement avoir sur notre part d’hiver, mais une réorganisation de la circulation atmosphérique est à prévoir. Cela nous apporte généralement une bonne fenêtre de temps actif lorsque cela se produit. À suivre…

À plus long terme, on peut toutefois établir qu’un vortex polaire faible, voire anémique, semble être dans les cartes pour tout l’hiver. Cela promet donc d’être une saison bien intéressante, froide et possiblement bien neigeuse si tout se met en place correctement. Seul le temps nous le dira.

À noter que ce que vous venez de lire constitue uniquement mes hypothèses et mes observations et ne constitue pas une prévision officielle.

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