Nos prédictions météos pour l'hiver 2019-2020
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Nos prédictions météos pour l'hiver 2019-2020

Félicitations ! Si vous lisez ceci, vous avez passé à travers une autre saison d’attente avec succès. En effet, l’équinoxe est officiellement passé depuis quelques jours, les journées raccourcissent de plus en plus et la première neige est même déjà tombée en Gaspésie. Autre signe que l’hiver approche, notre monsieur météo a repris du service et s’est remis la tête dans les modèles. L’hiver 2019-2020 sera-t-il un hiver pour les livres de records ou pour les oubliettes ? C’est ce que nous tenterons de démystifier dans cet article.

On commence cet article en vous exposant les principales forces qui régiront notre climat au cours de l’hiver pour ensuite finir avec une prévision mois par mois de la saison à venir. Comme prédire le futur des mois à l’avance est assez difficile, cette saison, nous avons explosé le budget de l’équipe R&D avec la version complète du modèle européen. Cette dépense astronomique nous permettra de comparer avec les modèles américains et ainsi améliorer la précision des prévisions, pour votre plus grande satisfaction.

Océan Pacifique (El Niño/La Nina)

On ne peut parler de météo à long terme sans parler d’El Niño et de son phénomène contraire : La Nina. Cette anomalie de température des eaux équatoriales du Pacifique a, en effet, le pouvoir d’influencer grandement la circulation atmosphérique venant de l’océan Pacifique et par le fait même notre climat au Québec. Sans trop entrer dans les détails pour alléger l’article, un hiver El Niño est souvent associé à des extrêmes de température ainsi que des corridors de tempêtes plus actifs alors qu’un hiver La Nina se veut un peu plus modérée. Cette saison, l’index devrait se trouver en territoire neutre ce qui rend la tâche de prévision à long terme plus difficile que l’an passé. Historiquement, lors d’un hiver avec l’index El Niño/La Nina au neutre précédé par un El Niño faible, la circulation provenant du Pacifique reste sensiblement la même que l’hiver précédent. À ce jour, cela augure bien pour nous puisque le courant-jet serait en principe déformé vers le sud sur les régions à l’Est de l’Amérique du Nord. Cela permettra à l’air arctique de descendre à profusion sur nos régions ce qui pourrait réduire la durée des redoux que l’on aura cet hiver.

Anomalie de température des eaux du Pacifique selon le modèle européen de décembre à février. Image:WXbell Analytics. 

Si l’on reste encore dans le Pacifique, un autre joueur provenant de cette région viendra grandement influencer la circulation en Amérique du Nord cet hiver. Si vous suivez moindrement l’actualité côté météo, vous avez probablement entendu parler du retour du « Blob » dans l’océan Pacifique cet été. Ce phénomène relativement nouveau dans le Pacifique est caractérisé par une masse d’eau anormalement chaude et pauvre en oxygène au large de la côte ouest de l’Amérique du Nord. Son influence sur le climat mondial n’est pas encore totalement connue puisque cette anomalie a été observée pour la première fois de 2013 à 2016. Selon certains, le Blob découlerait directement des changements climatiques puisqu’il n’avait jamais été observé en plus de 100 ans, en fait depuis que des données des températures marines sont enregistrées. Selon d’autres, il serait un signe d’un changement de phase du Pacific Decadal Osciliation de la phase froide à la phase chaude… Les débats sont toujours ouverts.

Le « Blob » vu par le modèle GFS en décembre. Image: Tropicaltidbits.com

Par contre, les chercheurs remarquent que le Blob aurait pour effet de supprimer la migration vers le sud d’une zone de haute pression semi-permanente entre Hawaii et la côte de la Californie. L’anticyclone d’Hawaii, qui, normalement, se retire vers l’équateur pendant l’hiver et laisse passer les dépressions sur la Californie, est resté en place lors de la dernière apparition de notre ami le Blob. Cela a pour effet de créer une crête permanente sur la côte ouest qui repousse le courant-jet vers le nord sur l’Alaska et ensuite du côté est des Rocheuses. Cela apporte généralement des températures plus élevées que la normale dans l’Ouest ainsi que des conditions beaucoup plus sèches qu’a la normale dans le Sud-Ouest des États-Unis. Lorsque le courant-jet est déformé vers le nord dans l’ouest, il replonge au sud dans l’est du continent, nous apportant par le fait même une masse d’air froid. Par contre, cela a aussi comme effet de bloquer les tempêtes qui passent normalement sur la Californie, l’Utah et le Colorado avant de remonter sur nos secteurs. On s’attend donc à ce que le storm track venant du Colorado soit beaucoup plus tranquille que par les années précédentes cette saison. Les dépressions du Colorado (Colorado Low) nous apportent souvent un redoux ainsi qu’un cocktail de précipitations sur les régions plus au sud, donc on ne s’en plaindra pas trop. On remarque aussi que lors des hivers où le Blob était présent, le nombre de systèmes de type Clipper nous venant des prairies canadiennes était supérieur à la normale. Ceux-ci passent généralement sans grande histoire en terrain plat, mais nous laissent souvent des surprises en terrain montagneux dû au soulèvement orographique.

Position attendue de la crête sur la côte ouest ainsi que du courant-jet (en beige) 

Vortex polaire

Parlons maintenant du vortex polaire, puisque c’est dans celui-ci qu’est contenu l’air froid qui nous affecte durant les mois d’hiver. Sa forme et sa puissance sont définies par de nombreux facteurs plus au sud, qui le déforment et l’affectent tout au long de l’hiver. Lorsque le vortex polaire est puissant, le courant-jet prend de la vigueur, ce qui contient l’air froid plus près des pôles et limite les changements et les extrêmes de température. Lorsqu’il faiblit, cela permet alors à l’air froid de descendre plus au sud et nous apporte parfois des vagues de froid ou un redoux dépendamment de la configuration du courant-jet à ce moment. Selon ce que l’on peut voir, on aura un vortex polaire généralement faible cet hiver ce qui devrait contribuer à l’allure en « dent de scie » de la prochaine saison. On s’attend également à un évènement de réchauffement stratosphérique au cours du mois de janvier qui séparera le vortex polaire en deux vortex distincts. La bonne nouvelle c’est que l’un de ces vortex devrait en principe venir se stationner sur le nord du Québec et l’île de Baffin au cours du mois de janvier. Cela devrait nous garantir un apport assez soutenu en air froid au cours du mois de février et du mois de mars. Par contre, cela aura aussi pour effet de supprimer le storm track au sud, ce qui empêchera les dépressions organisées de passer sur nos secteurs.

Les modèles suggèrent que le vortex polaire se séparera encore en 2 vortex distincts cet hiver. Image:WXbell Analytics

Golfe du Mexique

Pour revenir dans le thème des températures des océans, la prochaine anomalie que l’on remarque est sur le golfe du Mexique. En effet, les températures de l’eau resteront anormalement chaudes tout l’hiver à première vue dans ces secteurs. L’anomalie devrait être particulièrement marquée pendant les mois de décembre et janvier avant de revenir graduellement à la normale. Bien que cela n’affecte pas vraiment la circulation générale au-dessus du continent nord-américain, des eaux chaudes dans cette région aura pour effet de créer un environnement propice à la formation de dépressions. Malheureusement, les dépressions venant du golfe du Mexique et du Texas sont habituellement celles qui nous apportent les plus grosses poussées de chaleur, ainsi que le plus de pluie. On s’attend à ce que plusieurs dépressions venant de ces secteurs nous affectent au courant de l’hiver. Particulièrement durant les mois de décembre ainsi que la première moitié de janvier, alors que le vortex polaire sera à son plus fort de la saison. Cela devrait être particulièrement senti sur la rive sud du Saint-Laurent, dans les régions plus au sud ainsi qu’en Nouvelle-Angleterre, mais il n’est pas exclu que la Rive-Nord y goûte également. L’an passé pendant la période des fêtes, une dépression du Texas avait alors créé une poussée de chaleur suffisante pour qu’il pleuve jusqu’aux monts Groulx. On s’en souvient très bien… Bref, pensez-y a deux fois avant de réserver des vacances de ski pour la période des fêtes. Il ne serait pas impossible que les conditions laissent grandement à désirer pour les vacances encore cette année.

Anomalie de température de l'eau pour le mois de janvier selon GFS. Image:Tropicaltidbits.com

Océan Atlantique

Transportons-nous maintenant dans l’Atlantique, puisque ce qu’il se passe là-bas affecte également notre climat au Québec. Ce qui nous intéresse principalement ici est l’oscillation nord-atlantique plus connue sous son sigle anglais « NAO ». Il est caractérisé par la différence de pression et le placement de deux systèmes semi-permanents dans l’Atlantique : la dépression d’Islande et l’anticyclone des Açores. Lorsque ces 2 systèmes sont bien définis et puissants, on se retrouve en phase positive et lorsque les deux systèmes faiblissent on passe alors en phase négative. Il est possible de suivre l’évolution de la NAO au jour le jour avec l’index qui lui est relié. Lors de la phase positive, on retrouve souvent une absence de blocage au large de la côte est de l’Amérique du Nord menant à une circulation atmosphérique plus zonale sur nos secteurs. En gros, ce que ça veut dire c’est que les tempêtes qui passent sur nos secteurs prendront une direction vers l’est et sortiront alors vers l’océan sans grande histoire. Une NAO positive vient parfois également placer une zone de haute pression directement au large de l’Amérique du Nord, dans l’Atlantique, ce qui génère une circulation atmosphérique dans le sens des aiguilles d’une montre sur la côte. Ce phénomène est responsable des plus gros redoux que l’on connaît durant l’hiver puisqu’il fait remonter la masse d’air chaud présente en Floride directement sur nos secteurs. Lors de la phase négative, cette même circulation est déplacée vers l’est ce qui crée un corridor pour les tempêtes directement sur la côte est. C’est souvent lors d’une NAO négative que des tempêtes de type Nor’easter nous affectent puisque le blocage présent au large des côtes empêche les tempêtes de sortir à l’océan et les force à remonter la côte.

NAO négatif suggéré par le modèle européen pour le mois de janvier. Image:WXbell Analytics

D’après ce que l’on peut voir, l’index devrait en principe rester en territoire plutôt négatif pour ce début de saison pour ensuite remonter en territoire positif durant les mois de décembre et janvier. En principe, celui-ci devrait retomber en territoire négatif fin février pour le reste de la saison. Les prévisions pour la NAO étant plus ou moins fiable à long terme, il faudra le voir pour le croire. Toutefois, une NAO négative en début de saison contribue habituellement a de nombreux Nor’easter, qui nous apportent de belles quantités de neige. De plus, on remarque que la température des eaux de l’Atlantique devrait être plus élevée que la normale durant les prochains mois. Cela devrait donner plus d’énergie à d’éventuelles dépressions qui longeront la côte. En gros, l’expression « skiez la neige au sol et non la date au calendrier » pourrait prendre tout son sens dès la fin octobre cette saison.

Prédictions pour l'hiver 2019-2020

Donc en gros, on s’attend à un hiver plutôt étrange cette saison. On devrait voir de nombreux extrêmes au niveau des températures et au final, une quantité de précipitation relativement dans la normale. Certains mois seront plus humides que la normale, alors que d’autres seront relativement secs. Neige, pluie, verglas, vagues de froid, redoux catastrophiques, il devrait y en avoir pour tous les goûts cet hiver… Si l’on compare avec la saison dernière, il est bien possible que les fenêtres de bonnes conditions soient plus courtes et que l’on voie plus de pluie remonter sur nos secteurs. La première moitié de la saison devrait être plus chaude que l’an passé, ce qui désavantagerait les secteurs plus au sud, ainsi que l’ensemble de la Rive-Sud du Saint-Laurent. Puisque les tempêtes venant du Colorado devraient être moins nombreuses, le nombre de tempêtes annoncées avec plusieurs jours, voire une semaine d’avance par les grands réseaux météos devrait être moindre que l’an passé. Il y aura des hauts et des bas et être au bon endroit au bon moment sera primordial cette saison. Maintenant, regardons ce que les prochains mois nous réservent question température.

Carte d'anomalie de pression au niveau de la mer démontrant une crête persistante sur la côte ouest de décembre à février. Image:WXbell Analytics

Octobre

Ceux qui attendent impatiemment le début de saison seront apparemment servis. Effectivement, après un début de mois en dents de scie, on attend un changement de pattern au cours de la 2e moitié du mois d’octobre. Une NAO fortement au négatif devrait contribuer à des accumulations de neige hâtives et un strom track propice aux Nor’easters. Les modèles semblent bien aimer l’idée d’une tempête côtière dans les derniers jours du mois, un peu comme l’an passé. On espère que vos planches de roche ne sont pas serrées trop loin.

Le modèle européen qui suuggère un NAO plutôt négatif ainsi qu'une anomalie de basse pression sur la côte est pour les derniers jours du mois. Image:Wxbell Analytics

Novembre

Le mois de novembre est un call assez difficile à faire puisqu’il y a encore des désaccords sur les modèles sur des points assez fondamentaux. Néanmoins, le mois de novembre s’annonce sous une NAO principalement négative, ce qui regarde assez bien. Le mois devrait être en fin de compte plus humide qu’à la normale ainsi que légèrement plus froid pour les secteurs de la rive-nord du St-Laurent. Il ne serait pas impossible que certaines stations accumulent une bonne quantité de neige avant leur ouverture, comme c’était le cas l’an passé.

Le mois de novembre devrait être plus humide que la normale cette année. Image:Tropicaltidbits.com

Décembre

C’est au courant du mois de décembre que tout se complique. Notre NAO passera alors en territoire positif, ouvrant la porte à l’air plus chaud venant du sud. Le mois de décembre sera sans doute une vraie montagne russe question températures. On remarque une anomalie de basse pression au-dessus du Texas, ce qui veut dire que de nombreuses dépressions devraient prendre naissance dans ces environs avant de remonter ici. Cela pourrait être assez catastrophique pour la Rive-Sud du Saint-Laurent et les régions au sud de la ville de Québec. Particulièrement pour la Nouvelle-Angleterre et les Cantons-de-l’Est, qui pourraient voir de bonnes quantités de pluie accompagnée de redoux. Les secteurs de la Rive-Nord pourraient avoir à composer avec le verglas au cours du mois. Il n’est pas exclu qu’une « tempête parfaite » puisse profiter d’une faiblesse du courant-jet et ainsi apporter de la pluie jusque sur la Côte-Nord. Nos meilleures chances d’accumulations sans pluie proviendront des systèmes de type clipper venant de l’Ouest canadien

Anomalie de basse pression pour le mois de décembre selon le modèle européen. Image Wxbell Analytics

Janvier

Le mois de janvier devrait débuter sur le même pattern pourri que le mois de décembre, c’est-à-dire température en dent de scie et une alternance entre les dépressions du Texas et les systèmes de type clipper. Le classique redoux de janvier devrait encore une fois se produire cette saison. On s’attend à un changement de pattern au cours du mois, alors que l’évènement de réchauffement stratosphérique dont on vous parle plus haut se mettra en branle. Cela devrait faire descendre une masse d’air froide directement sur nos secteurs, si le tout se produit comme prévu. On devrait alors remarquer la diminution du nombre de tempêtes organisées qui touchera nos secteurs, puisque l’air froid en place les supprimera au sud. Nos meilleures chances d’accumuler viendront alors des clippers de l’Ouest canadien, comme en décembre.

Anomalie de température prévue par le modèle GFS pour le mois de janvier. Image:Tropicaltidbits.com

Février

Le mois de février devrait être un mois assez tranquille. L’air froid devrait rester bien en place tout au long du mois ce qui devrait supprimer les principaux corridors de tempêtes au sud de nos secteurs. On devrait alors voir des systèmes de type clipper venir nous affecter. Cela n’arrivera vraisemblablement pas à nous faire arriver dans les normales de saison côté précipitation. On s’attend par contre à ce que notre NAO revienne tranquillement en territoire neutre avant de passer au négatif. On ne peut donc pas exclure qu’une tempête organisée puisse nous affecter au cours du mois, mais il serait étonnant d’en voir plusieurs se succéder.

Carte d'anomalie de pression démontrant la position prévue du vortex polaire en février par le modèle européen. Image:WXbell Analytics

Mars

Finalement, le mois de mars devrait clore l’hiver 2019-2020 en beauté. On remarque alors que notre NAO devrait se trouver en territoire négatif et notre vortex polaire sera toujours en place. Cela devrait nous garantir un apport consistent en air froid. L’anomalie de basse pression présente sur la côte est nous indique que plusieurs tempêtes de type Nor’easter pourraient nous affecter. Le mois de mars 2020 devrait être en principe plus humide et froid qu’à la normale.

Anomalie de précipitations pour le mois de mars selon GFS Image:Tropicaltidbits.com

Conclusion

Voici ce qui conclut notre aperçu de la saison à venir. On espère que cela vous aidera dans la planification de vos projets. Veuillez toutes fois considérer que cet aperçu a été rédigé avec les informations fournies par les modèles GFS et Euro du 1er au 30 septembre et ce qui est avancé ici n’est en aucun cas coulé dans le béton. Seul le temps pourra nous dire si on a raison ou si on est complètement dans le champ. Néanmoins, selon ce que l’on peut voir, nos observations semblent aller dans la même direction des avis d’experts, donc si l’on se trompe, on ne sera pas les seuls à première vue. Soyez assuré que l’on vous tiendra au courant de l’évolution des choses dans notre bulletin météo hebdomadaire qui sera publié sur notre page Facebook. Sur ce, au plaisir de vous croiser sur une skin track cette saison.

Cheers

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