Démystifier le vêtement technique: Les coquilles (Partie II)
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Démystifier le vêtement technique: Les coquilles (Partie II)

FutureLight, GoreTex, Neoshell, H2no, Dermizax, Polartec, duvets, Thermoshield, Primaloft, etc. Comment se retrouver dans cet amas de marques et de marketing qui ne donne aucun indice concret sur ce que le tissu, supposément révolutionnaire, fait réellement ? Impossible. Honnêtement, même après avoir étudié en design de vêtement technique et travaillé comme conseillé dans un magasin de plein-air, j’ai de la difficulté à trouver les réelles spécificités de chaque matériel. Je crois donc qu’il est temps d’éclaircir le sujet, une bonne fois pour tout.

Dans la première partie de cette série vous ai parlé en surface des différents éléments qui composent une coquille. Mais c’est en réalité beaucoup plus complexe. La Partie II est la partie pour les plus aguerris, mais surtout elle explique ce qui se cache derrière les statistiques et les marques.

Les infos du geek (simplifié)

On plâtre souvent les coquilles avec des statistiques à en rien comprendre. Pourtant, elles ne sont pas que pour les geeks, elles sont pour vous tous. Elles sont basées sur une série de tests qui indique la capacité de chaque matériel à accomplir une tâche.

ISO 811:2018 – Essai sous pression hydrostatique, en mm

Son but est de mesurer la pression qu’on doit exercer avec de l’eau, pour pénétrer le tissu imperméable. À l’origine, on utilisait un cylindre gradué de 1 po de diamètre, apposé sur le tissu. Plus on met de l’eau, plus on exerce une pression importante sur la surface poreuse. À un certain point, la pression est telle qu’on voit apparaître des gouttelettes (3 gouttes selon le standard) sur l’autre côté du tissu. On va ensuite lire sur le cylindre, la quantité d’eau, en mm (ex. : 25 000 mm). Cependant, il est peu pratique d’utiliser un cylindre de 5 m de hauteur pour mesurer des tissus beaucoup plus imperméables. Le test est donc effectué avec une pression « artificielle » contrôlée et une surface plus grande comme on voit ci-haut.

Petites astuces à savoir :

  • Une pluie forte avec des vents de 60 km/h exerce une pression hydrostatique d’environ 1000 mm
  • La pression hydrostatique exercée lorsque assis dans l’eau est d’environ 1800 mm (important pour les planchers de tente!)
  • La pression hydrostatique de 80 Kg sur un genou au sol dans l’eau est d’environ 8000 mm

Kar, F & Fan, Jintu & Yu, Winnie. (2007). Comparison of different test methods for the measurement of fabric or garment moisture transfer properties. Measurement Science and Technology. 18. 2033. 10.1088/0957-0233/18/7/032.

ISO 2528:2017 – Coefficient de transmission de la vapeur d’eau (WVTR), en g/m2/24h

Son but est de mesurer la capacité du tissu à « respirer », donc de transporter la vapeur d’eau d’un milieu à un autre. Le test est effectué avec une surface de tissu précise (1 m2), apposé de manière étanche par-dessus un bain d’eau distillée, et ce, dans un environnement où la température et la pression atmosphérique sont contrôlées. On mesure, périodiquement pendant 24 h, la quantité d’eau restante dans le bassin (non évaporée). La différence entre le poids initial et le poids final reflète la quantité d’eau évaporée à travers le tissu. Notre mesure est donc, par exemple : 25 000 g/m2/24h.


https://www.innovationintextiles.com/fibres-yarns-fabrics/breathability-in-quality-control-at-hohenstein-institute/

ISO 11092:2014 – Mesure de la résistance thermique et de la résistance à la vapeur d'eau en régime stationnaire (RET) (m2pa/W)

Moins populaire, mais sûrement une des donnés les plus utiles et concrètes. On tente de répliquer les conditions réelles de transpiration. On l’appelle aussi le test de la plaque chaude transpirante. On place le tissu de choix sur une plaque en métal poreux de 1 m2. La plaque est chauffée à température constante et on y fait circuler de l’eau. Avec la chaleur, l’eau s’évapore, crée une zone de haute pression entre le milieu chaud et humide, et le milieu à température normale. Avec cette pression, la vapeur est forcée à travers le tissu et apporte avec elle, dans le processus, une infime partie d’énergie sous forme de chaleur. La plaque chauffante doit donc être chauffée davantage pour compenser cette perte d’énergie afin de conserver sa température initiale. Et c’est ça qu’on mesure. On mesure la résistance que le tissu exerce et la pression nécessaire, pour que la vapeur réussisse à traverser. Plus le résultat est élevé, plus on a besoin de pression et donc d’énergie (sous forme de chaleur) pour faire traverser la vapeur. Alors, moins le tissu est respirant. Un RET de 1 est exceptionnellement respirant (aucune résistance) et un RET de 20 est très inconfortable.


La zone grise

Je me suis juré de ne pas parler de marque, mais voici l’exception. GoreTex™ utilise une membrane en ePTFE, reconnue pour sa durabilité, étanchéité et très hauts standards d’utilisation. Ils ne donnent le droit d’utiliser leur nom seulement que sous de très stricts standards, et ce pour très cher (ils ont d’ailleurs fermé la porte aux nouveaux partenaires). Ils sont ceux qui ont inventé la membrane imper-respirante après tout, mais les différentes compagnies se tannent de cette dépendance et donc, innovent de leur côté, et ce, très rapidement (lire FutureLight). L’évolution du côté de GoreTex est chose du passé, bien enfouie dans les années 90, à part pour quelques exceptions(shakedry). Aujourd’hui, il existe une montagne de matériaux plus imperméables et plus respirant que l’oh si puissant « Godtex ». Par le fait même, il existe maintenant des membranes qui sont plus souples, plus élastiques, plus respirantes et très imperméables. Elles sont donc le meilleur de tous les mondes. Polartec Neoshell était le premier dans la course avec une membrane souple, 2x plus respirante et imperméable que le standard. Le seul hic étant sa durabilité. North Face prend un virage semblable avec leur FutureLight, avec une technologie similaire au Polartec, selon ce que j’ai pu comprendre. Mais je ne m’avancerai pas sur ce point vu étant donné qu’il y a très peu d’information à ce sujet.

Tant qu’à être dans le vice…

Comme que j’ai déjà commencé à parler de marques, je vais y aller all in. Quelques recherches ont été faites en laboratoire, selon les standards, pour comparer les différentes technologies sur le marché. Je vous explique ce qu’elles signifient.

Mesure du RET. Source: https://verber.com/stash/breathability.pdf

Ci-haut est un test similaire au RET dont je vous parlais plus tôt. La résistance du tissu à la vapeur d’eau pour passer du milieu A à B, dépendamment de l’humidité relative (ratio d’air et de vapeur d’eau). Sur l’axe des x, plus le chiffre est bas, moins le milieu A est humide. Sur l’axe des y, plus le nombre est bas, moins forte est la résistance pour que l’humidité circule de A à B. Voyez le graphique qui plonge vers le bas à droite ? Pour ces matériaux, plus l’environnement intérieur est humide, mieux le tissu respire. La technologie utilisée fonctionne donc le mieux dans un environnement à grand différentiel d’humidité (intérieur humide, extérieur sec). Ceux où la résistance varie très peu sont les marques à retenir puisqu’ils performent aussi bien dans tous les milieux. Ex. : Voir GoreTex (standard) ci-haut. Avec une humidité interne basse(activité modérée), donc une pression interne basse, le tissu est plus ou moins respirant (850 WVDR). Plus on augmente l’humidité relative(transpiration), et donc la pression, on obtient une meilleure respirabilité (250 WVDR). Les marques vont utiliser les donnés les plus flatteuses pour promouvoir leur technologie.

Mesure du WVTR. Source: https://verber.com/stash/breathability.pdf

Ci-haut est un test similaire au WVTR. Donc la quantité d’eau transmise à travers le tissu en 24 h. C’est un peu redondant par rapport au premier graphique, mais c’est la mesure la plus utilisée par les grandes marques. Sous l’axe des x, l’humidité relative. Sur l’axe des y, la respirabilité en grammes, donc plus le nombre est haut, plus c’est respirant. Ceux où la respirabilité varie très peu sont les marques à retenir. Ex. : La membrane utilisée tout au haut du graphique est en fait un softshell. On y utilise la même technologie que le GoreTex, mais avec des pores plus gros. C’est donc beaucoup plus respirant, mais moins imperméable. Selon les dires, FutureLight se trouverait au même endroit, mais sans sacrifier l’imperméabilité.

Cadeau!

Percent of Naked. https://verber.com/mark/outdoors/stash/patagonia-testing.html

ATTENTION À TOUS, ON VOUS DÉVOILE AUJOURD’HUI... Un écran d’ordi de chez Patagonia ! Je suis si fébrile. Un bon samaritain, Mark Verber, a gardé sous un domaine externe, un blogue de Backpackinglight.com où un employé de Patagonia répondait à des questions techniques en faisant référence à certaines de leurs recherches. Ce que l’on voit ci-haut est une recherche qui compare une personne portant une coquille à une personne nue dans son salon à 22 Celcius (100 % = tout nu). Un bémol s’impose. Le Schoeler Dryskin à l’extrême droite, par exemple, est super respirant parce qu’il utilise beaucoup le refroidissement éolien. Il laisse donc passer du vent, ce qui pourrait être inconfortable, tout dépendant de l’utilisation. Bref, c’est un test très subjectif, mais qui illustre bien le concept de respirabilité.

Il existe une panoplie de tests pour les différents tissus. Ceux dont je vous ai parlé sont seulement les plus populaires, mais en réalité, avant même de s’intéresser au tissu, les marques vont performer près d’une centaine de tests (et même plus). J’ai fait une bonne partie des recherches pour vous éclairer un peu. J’espère que la prochaine fois, vous ne vous arrêterez pas à l’étiquette sur le manteau et la campagne publicitaire derrière celui-ci (lire FutureLight).

Cheers

Ressources

Le Blog Backpackinglight: https://verber.com/mark/outdoors/stash/patagonia-testing.html

Tests de respirabilité: https://verber.com/stash/breathability.pdf

Standards ISO (Payant): https://www.iso.org/obp/ui/#home

Propreties of water repellent fabrics, J. Res. Natl. Bur. Stand., Vol. 38, No. 1, p. 103

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