De quoi sera fait l'hiver 2018-2019 ?
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De quoi sera fait l'hiver 2018-2019 ?

Félicitations ! Si vous lisez ceci, c’est que vous avez presque survécu à cet été 2018. Si tout va bien, dans environ trois mois, la neige sera probablement de retour et une autre saison de ski débutera dans l’Est de l’Amérique du Nord. Par contre, avec la température imprévisible et en dents de scie typique de la côte Est, on peut clairement se demander quel genre d’hiver on aura dans quelques mois. Le plus important : la neige sera-t-elle au rendez-vous? Pour tenter de répondre à cette question, on s’est mis à la recherche des dernières nouvelles concernant le climat et on s’est tapé la lecture de plusieurs études scientifiques. Voici donc un résumé de ce que l’on a pu apprendre.

On ne peut parler de météo à long terme sans parler d’El Niño ou de son phénomène contraire, La Niña. Pour ceux qui l’ignorent, nous sommes vraisemblablement en transition de La Niña faible que nous avions l’hiver passé, vers un évènement El Niño. Dans sa prévision de la mi-juillet, le Climate Prediction Center américain évalue que la probabilité d’un El Niño d'intensité faible à modérée s'élève à 75 % pour cet hiver. Bien que les effets d’El Niño soient principalement ressentis dans l’hémisphère sud et dans l’ouest du continent, le phénomène influence aussi notre climat au Québec. Lors des hivers El Niño, on observe généralement un courant-jet polaire plus fort, ce qui confine l’air arctique plus au Nord. Lors des hivers El Niño, le courant-jet polaire est déformé. Dans l'ouest du continent, celui-ci est poussé vers le Nord par une zone de basse pression permanente sur le golfe de l’Alaska. Puis, il replonge vers le Sud au-dessus des Prairies canadiennes dans une tendance beaucoup plus à l’Est qu'à l'habitude. Cela a pour effet d’apporter un hiver généralement plus doux pour les régions au sud-ouest du Canada et plus froid pour le nord de l’Ontario et du Québec. De plus, le courant-jet subtropical est confiné plus au Sud, souvent au-dessus de la frontière entre le Mexique et les États-Unis ce qui fait augmenter la quantité de précipitations pour ces régions. Par contre, les précipitations sont moindres par endroits, principalement dans le Nord-Ouest et le Mid-Ouest des États-Unis et en Colombie-Britannique. Pour nos secteurs, ces effets, bien que plutôt minimes, sont principalement ressentis en Nouvelle-Angleterre et sur le sud du Québec.

Pattern typique lors d'un hiver El Niño. Image : NOAA

Certains se rappelleront peut-être le désastreux hiver El Niño de 2015-2016 dans le sud du Québec où la majorité des précipitations était tombée en pluie. Rassurez-vous, un tel désastre ne devrait pas se reproduire, en théorie. En effet, il existe plusieurs « types » d’évènements El Niño caractérisés par la latitude où se trouvent les eaux les plus chaudes par rapport à l’équateur. À première vue, l’évènement El Niño qui se prépare n’en sera pas un dit « conventionnel » où les eaux les plus chaudes se trouvent dans le Pacifique Est le long de la côte de l’Amérique du Sud. Selon les modèles à long terme, la concentration d’eaux plus chaudes devrait se trouver au niveau du centre de l’océan Pacifique alors que le reste de l’océan Pacifique devrait rester plus froid. C’est ce que l’on appelle un El Niño Modoki. Lors d’un El Niño Modoki, les effets d’un El Niño régulier se retrouvent en quelque sorte amplifiés.

Anomalies de température de l'eau lors d'un El Niño régulier et El Niño Modoki.

Le courant-jet polaire remonte encore plus au Nord dans l’ouest du continent avant de replonger avec une tendance sud-est. Le courant-jet subtropical, est poussé encore plus loin vers le Mexique et la pointe de la Floride pour ensuite remonter le long de la côte Est. Cela a pour effet d’apporter un hiver plus chaud et sec sur toute la côte Ouest et un hiver généralement plus froid et neigeux sur la côte Est. Le parfait exemple d’un El Niño Modoki récent serait l’hiver de 2014-2015 que plusieurs locaux en Colombie-Britannique appelaient « the year it didn't snow ». Le même hiver, le Québec n’a pas vu une goutte de pluie du mois de janvier jusqu’au mois de mars.

Anomalie de température dans le Pacifique prévue pour le mois de janvier 2019. Image : Ben Noll Weather

Par contre, il n’y a pas qu’El Niño qui influence notre climat. Plusieurs autres phénomènes météo récurrents se mettent de concert pour nous apporter notre climat. Plusieurs, comme El Niño, sont mesurés à l’aide d’index qui passent généralement du positif au négatif. Plusieurs météorologues surveillent actuellement un index, celui-ci moins connu du grand public, le Pacific Decadal Oscilliation (PDO).

Différences de la température des eaux entre les phases chaude et froide du PDO.

Un peu selon le même principe qu’El niño, le PDO se caractérise par une température anormale des eaux de l’océan Pacifique. Lors de la phase positive (ou phase chaude), les eaux au large du Japon et de la Russie se refroidissent fortement et se font entourer par une masse d’eau plus chaude près de la côte ouest de l’Amérique du Nord et au niveau de l’équateur. Lors de la phase négative (ou phase froide), l’inverse se produit, c’est-à-dire un réchauffement des eaux au large de la Russie et des eaux plus froides entourant cette zone. À cause de sa position dans l’hémisphère nord, le PDO influence beaucoup notre climat, surtout lors des mois d’hiver. Certaines études démontrent que les températures globales augmentent lors d’une phase chaude ou positive du PDO et que l’inverse se produit durant la phase froide ou négative. Depuis 2008, nous sommes dans une phase négative. De plus, une phase négative du Pacific Decadal Oscilliation (PDO) viendra amplifier les effets d’un La Niña, mais diminuer ceux de El Niño et vice-versa. Chacune des phases peut durer plusieurs années voire plusieurs décennies. L’index nous permet quand même de mesurer l’amplitude et les variations du phénomène au jour le jour. Malheureusement, le PDO est très difficile à prédire avec exactitude à long terme. Par contre, si l’on regarde les valeurs de l’index sur les trois dernières années, on remarque une tendance à la baisse. Le PDO qui était principalement neutre et même parfois positif au cours des dernières années revient tranquillement en territoire négatif. Si l’on regarde notre carte des eaux du Pacifique dans les figures, on peut apercevoir une zone d’eau plus chaude au large du Japon et de la Russie. Le reste de l’océan Pacifique Nord ne se réchauffe pas autant, signe que l’on devrait continuer d’observer un PDO négatif cet hiver. On voit que les deux zones ne sont pas très définies, signe qu'il sera de faible intensité cet hiver.

Anomalies de températures dans le Pacifique Nord pour décembre 2018.

Cela devrait en théorie amputer certains effets de notre El Niño pour cet hiver. Par contre, dû à l’absence d’études disponibles quant à l’influence de ces deux phénomènes combinés pour notre région, on a dû fouiller dans les données des dernières décennies pour trouver ce que cela voulait dire pour nous. Le dernier hiver avec des conditions semblables dans le Pacifique, c’est-à-dire El Niño qui se développe en même temps que le PDO tourne au négatif, remonte à 1993-1994. Malgré sa lenteur incroyable, le site d’Environnement Canada rend disponible tous les registres de l'ensemble des stations météo ayant existé au pays. Grâce à ces données, et celles provenant de stations de ski, on a pu retracer un peu de quoi avait l’air l’hiver 1993-1994 au Québec. Cet hiver-là, Sutton ouvrait ses portes à la mi-novembre pour une saison de 156 jours de ski, dans le top 10 de ses saisons les plus longues. Le village a également reçu 13,4 cm de neige en octobre 1993 et a connu son 2e hiver le plus neigeux des années 90, seulement quelques centimètres derrière le premier. Dans les Laurentides à Saint-Donat, 93-94 fut également le 2e hiver le plus neigeux des années 90. Même chose dans la forêt Montmorency, où 721 cm de neige seraient tombés au total dans la saison. Au Saguenay, le Valinouët enregistrait une saison record historique: 184 jours de ski sur neige naturelle du 13 novembre au 15 mai. À Murdochville, il est tombé 7 m de neige en 93-94, le 2e hiver les plus neigeux de 1985 à 1995.

Image : page Facebook du Valinouët

Transportons-nous maintenant dans l’océan Atlantique puisque ce qui se passe dans l’Atlantique Nord a une énorme influence sur notre climat également. On vous a souvent parlé du North Atlantic Oscilitaion (NAO) l’hiver dernier. Cette dernière influence beaucoup la trajectoire des tempêtes et le déplacement de masses d’air sur la côte est de l’Amérique. Il est caractérisé par l’emplacement d’une zone de haute pression permanente située au large du Portugal et de l’Espagne et d’une zone de basse pression permanente au niveau de l’Islande. On les appelle les Azores High et l’Icelandic Low.

NAO positif et négatif. Image : Wikipedia

Lors de la phase positive de la NAO, les Azores High se positionnent plus près du centre de l’océan Atlantique et l’Icelandic Low se positionne directement au-dessus de l’Islande. Les deux phénomènes sont également amplifiés lors de la phase positive. Cela crée un blocage qui empêche les tempêtes de remonter la côte et les fait aboutir directement en mer. De plus, cela intensifie les vents du Sud le long de la côte Est, ce qui a pour effet de faire remonter la masse d’air qui se trouve au-dessus de la Floride et des Bahamas vers le Nord. Cela nous apporte généralement du temps plus doux et des chutes de neige moindres dans l’est du Canada. Lors de la phase négative de la NAO, les Azores High se retirent vers le Portugal et l’Espagne tandis que l’Icelandic Low se positionne plus près du Groenland, donc de nos côtes par le fait même. Cela crée un corridor le long de la côte Est qui permet aux dépressions de la longer tout en remontant vers le Nord. C’est principalement lors de la phase négative de la NAO que nous avons des tempêtes du type Nor'easter.

Pattern typique lors de NAO positif et négatif. Image : Climatology.co.uk

On peut prendre l’année en cours comme exemple. Durant les mois de janvier et février, les deux redoux que l’on a connus coïncident parfaitement avec des phases positives de la NAO. De plus, le mois de mars 2018, qui fut le plus neigeux et le plus actif, s’est déroulé sous le signe d'une NAO principalement négative. L’index a été fortement positif tout l’été jusqu’à présent, ce qui a contribué aux multiples canicules et à la masse d’air tropicale que l’on a dû endurer.

Anomalies moyenne de pression atmosphérique au niveau de la mer pour décembre, janvier et février prochain. Image : tropicaltidbits.com

Autre bonne nouvelle : une NAO généralement négative semble être dans les cartons pour cet hiver. Dans les figures, vous retrouverez la carte de la pression atmosphérique médiane au-dessus de l’océan Atlantique pour cet hiver. En français, c’est l’endroit où se trouveront les zones de haute et de basse pression en moyenne sur 3 mois. La carte plus haut nous montre l’Icelandic Low près du Groenland et les Azores High très près de la côte du Portugal, la définition exacte d’une NAO négative. De plus, si l’on regarde les prévisions de température de l’océan Atlantique, on remarque une zone d’eau plus froide entre le Labrador et le Groenland. Cela pourrait favoriser un blocage dans cette région, ce qui tend à faire rester les tempêtes au-dessus de nos secteurs, nous apportant des précipitations supplémentaires.

Anomalies de température de l'eau dans l'Atlantique Nord pour janvier 2019. Image: tropicaltidbits.com

On peut dire qu’avec ces informations, on remarque facilement une tendance générale. Si personne ne se trompe, l’hiver 2018-2019 ne devrait pas décevoir les amateurs de poudreuse dans l’Est. En effet, les plus récentes prévisions à long terme des météorologistes font état d’un hiver froid et neigeux pour toute la côte Est. Certains parlent même déjà de « snowmaggedon » pour le nord-est des États-Unis et le sud du Québec cet hiver. Seul le temps nous dira si c’est vrai. La météo étant une science inexacte, les prévisions à long terme sont toujours à prendre avec un grain de sel. Par contre, selon nous, vous pouvez annuler votre voyage de ski dans les Rocheuses en toute quiétude cet hiver, il y aura amplement de la belle neige à skier ici. Sur ce, tenez bon, la saison de l’attente arrive bientôt à sa fin.

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